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serre-têtes ; mais ces tristes « polkas » n’ont pas la fière élégance des coiffes bretonnes. Ce sont des châles et des foulards et des tricots de laine ; des scapulaircs aussi, mais tout piteux dans un coin ; ce sont des pains au beurre, mais ceux-là viennent de Rennes et non point de quelque bourg dont ils sont l’unique gloire, Caretiemble ou Penzé. Et des noisettes et des amandes, et des gâteaux et autres sucreries.

Voici l’éternel manège, au milieu duquel se moud,

Dans le cylindre des orgues de Barbarie,


une musique, comme dit Beaufils, atrocement humaine, cependant que tourbillonne tout autour la chevauchée, têtes qui tournent et cœurs qui se soulèvent, de la joyeuseté populaire.

Voici des tables dressées en plein air avec leurs deux rangées de bancs ; voici des lentes comme à Coadri. Çà et là, sur des fourneaux, grésillent dans le saindoux des chapelets de saucisses qu’on emporte vers les tables, dans des assiettes fleuries. D’énormes pâtés noirs, marbrés de longues veines de graisse blanche, dégagent au soleil une fraîche odeur d’aromates qui met en appétit. De belles piles de galettes de blé noir, d’un joli gris, fines et moelleuses, s’étalent. Des tonneaux de cidre, sur