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à moi, un de nos célèbres compatriotes, l’élégant et spirituel Poullain de Saint-Foix, un Marivaux au petit pied, trop oublié à mon avis et que le regretté Maître Arthur de la Borderie aurait bien dû placer, à côté d’Alexandre Duval, dans sa galerie des exhumés Rennais. À droite, c’est la Motte au Chancelier. Voici le moulin d’Apigné ; puis, à gauche encore, le très pittoresque château de Lillion ; le confortable manoir de la Pérelle.

La Vilaine coule paisiblement toujours entre ces prairies d’un vert de pelouse anglaise. Çà et là, de hauts peupliers aux feuillages jaunis se dressent au dessus des chênes sombres que les froids ont touchés à peine. Ces larges frissons d’or des peupliers, dans le ciel d’un gris très doux, sont d’un charme incomparable. Çà et là les nuages s’entrouvrent sur des éclaircies d’un bleu pâle. C’est une enveloppante tiédeur d’automne et nulle part ailleurs on n’en pourrait mieux goûter la paix. Ces verts un peu durs des prairies et des buissons soulignent mieux encore par un contraste tout ce qu’il y a de léger et d’harmonieux dans ce ciel gris et bleu, sur lequel, au loin, les feuillages des peupliers s’estompent comme de fins nuages ambrés. C’est au bord de cette rivière, par un jour d’octobre, qu’il faut aller, si l’on veut goûter