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En même temps qu’ils prouvent la sensibilité profonde et la vraie tendresse de M. Leconte de l’Isle, ces extraits de sa correspondance, ainsi que ceux qui suivront, ont un autre intérêt et plus grand pour nous, c’est de nous permettre de connaître le caractère de notre poète, à vingt ans, et, par ces traits épars, d’en fixer la vraie physionomie.

Pourquoi faut-il que tant d’affection d’un côté et tant de dons heureux de l’autre ne suffisent pas à maintenir d’affectueux rapports entre les parents et les enfants ? Pourquoi en arrive-t-on presque toujours à se séparer et à ne plus se comprendre ?

Charles Leconte de Lisle avait écrit à ses parents, du cap de Bonne-Espérance, une lettre qui leur était parvenue au commencement du mois de juillet 1837. Ils n’avaient pas reçu d’autres nouvelles de lui : peut-être, le bateau n’avait-il pas fait escale à Sainte-Hélène, comme l’avait annoncé le capitaine ? Du moins, les navires anglais qui avaient touché à l’Île de France n’avaient rien apporté et personne n’avait entendu parler du voyageur.

M. Leconte de l’Isle écrivit alors à son cousin ; il ne voulait pas croire à un accident,