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à minuit. Je vous attendrai au café Riche. »[1]

Si Amédée Le M… avait eu connaissance de cette prose, il eut été peu satisfait de son élève. Il est vrai qu’il ne s’illusionnait pas sur l’état d’âme de son néophyte ; il le savait encore trop préoccupé des petites choses de ce monde. « Le cold cream, les tapis, les nobles salons, Madame d’O…, le Café Riche, » tout cela fourmillait de menaces pour l’avenir. Du moins, Villiers était-il armé maintenant pour la bataille. Pendant le scholasticat de Montfort, il avait appris à croire en Dieu et à aimer le catholicisme fortement. Son jeune maître pouvait se rendre ce témoignage que, s’il n’avait pas fait du cher poète « un autre homme, » du moins, Villiers n’était déjà plus « le même homme. » La guérison n’était pas complète ; la plaie se rouvrirait encore, mais peut-être ne fallait-il qu’une parole plus puissante pour décider le malade à ne pas trop entraver la convalescence, et peut-être même que des mains consacrées auraient le pouvoir de cicatriser les blessures.

Ce fut à Dom Guéranger, abbé de Solesmes, que le jeune théologien laïque adressa son ami

  1. C’est un fragment autographe de cette lettre que nous avons reproduit en tête de cette étude.