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deur d’une âme fière et déjà consolée. Voici : Jésus meurt les yeux fixés, « ses beaux yeux bleus et graves, » vers les bonheurs de la terre : il a jeté son dernier cri par dessus les palmiers et les fleurs et les petits enfants qui jouent. Que signifie ce cri ? Qui nous en dira le secret ?

Emportant dans la mort le mot de son mystère,
Le Fils de l’Homme avait abandonné la terre.
Et pour nous, c’était bien fini sur le Calvaire,
          Seigneur, tout était consommé…

Car la Création ne devait-elle pas être foudroyée, pour châtier le meurtre d’un Dieu ! L’homme alors aurait compris le monde et la vie ; il aurait cru à un Dieu qui se vengeait. Mais non, et, devant l’indifférence céleste, la torture demeure de se dire, en doutant :

Ce fut peut-être un Dieu ! C’est peut-être un Sauveur !

Il faut donc que ce Sauveur vienne encore ! Le monde a besoin de lui plus que jamais ! Et nous voulons croire en Dieu, malgré tout et surtout pour ceci peut-être que nous avons soif d’être sauvés. Rien n’a pu déraciner la foi ; nous avons beau blasphémer. Nous appelons Dieu.[1]

  1. Oh ! nous avons pourtant, lorsque de leurs mains lourdes
    La Joie ou les Chagrins alanguissent nos jours.
    Crié : Seigneur ! Seigneur ! vers ces étoiles sourdes
    Qui répondent : Peut-être ! et qui brillent toujours !