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Quand la terre était jeune et verte
Et quand l’homme croyait à Dieu.

Un lent travail se faisait dans l’âme de Villiers. D’abord il se sentit comme

Des étourdissements en regardant le ciel,


ce ciel que son ami lui montrait partout et toujours. Peu à peu son regard s’habitua devant l’infini ; il comprit que là était sa vraie patrie. Notre monde, avec ses laideurs et ses bassesses, ne devait être rien pour une grande âme. Ce qui se passe ici-bas, tristesse ou joie, ne mérite pas de préoccuper notre fierté. Les déclamations contre tout cela sont vaines, enfantines, indignes d’un noble esprit. Il faut se hausser, à ne voir que ce qui est Là Haut, ce qui est Au Delà, et, si l’on veut chanter, demander à la Muse des chansons immortelles. Pour planer, l’aiglon n’a besoin que d’avoir

L’immensité devant ses ailes.

Et Villiers regardait Là Haut, il voyait et l’infini ne lui donnait plus le vertige. Il avait maintenant de jeunes ailes pour tenter le grand vol vers l’Au Delà !

Le dernier poème du livre, le Chant du Calvaire est loin d’être encore un acte de foi, mais l’inspiration en est sévère et l’on y sent l’ar-