Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avec son esprit curieux, avec son âme ardente, Mathias avait besoin, plus que tout autre, d’une ferme direction. Son père était incapable de la lui donner. En dépit de ses faiblesses et de ses fantaisies, le vieux marquis était un chrétien. Il eut pu, dans un autre siècle, par l’ardeur de sa foi, se haussera l’apostolat, voire au martyre. Il aurait pu, vivant en Bretagne dans quelque vieux manoir, au fond des terres, incarner encore assez convenablement, s’il y avait eu quelque fortune, le type, au dix-neuvième siècle, du gentilhomme campagnard, bien pensant et qui mène sa paroisse. Mais, à Paris, dans cette vie agitée et précaire, dénué de ressources et sans situation, il ne pouvait faire figure ni de père, ni de chrétien. Il était incapable d’être ce haut éducateur, toujours présent, toujours veillant, que réclamait la nature passionnée de son fils.

Que deviendrait, privé de ces conseils nécessaires, le génie même de Villiers ? Et, d’ailleurs, que serait ce génie sans la loi ? Tant de dons merveilleux devaient-ils s’épanouir humainement et quelle serait leur floraison divine ? Quel allait être ce grand homme, mais quel pourrait être ce chrétien ? Telles étaient les préoccupations de cet ami sévère qui n’avait pour loi de sa vie que d’aimer Dieu et de