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« Ah ! mon cher ami, quelle vie de forçat ! Quelle absurdité ! J’ai envie de faire comme X… Cependant, j’ai de bonnes nouvelles. Je pars avec cinq mille francs pour Paris, dans six semaines. Je travaille ferme… Je n’ai pas voulu dire les bombances de notre voyage, de crainte que le vent tournât et qu’on ne dise que je suis toujours le même… La bonne-maman avait des raisons pour être de mauvaise humeur, la dernière fois… Papa, que j’aime bien mais qui est étonnant, n’était pas pour peu de chose dans sa mauvaise humeur. Enfin c’est passé, et j’espère que je vais entrer dans le devenir, sinon d’une réputation magnifique, du moins d’une dignité potable. »

Combien de cinq mille francs avaient précédé et ont suivi ceux-là, sacrifiés par la vieille demoiselle à la plus grande gloire du nom et du renom de Villiers ! Mon cousin m’a dit que les biens en domaines congéables de Mlle  de Kerinou auraient pu, convenablement mis en vente, atteindre une valeur de près de deux cent mille francs. Tout ce que ces biens mal vendus, au fur et à mesure des besoins, ont produit, tout a servi à défrayer l’existence aventureuse des Villiers à Paris, sans que la vieille demoiselle ait senti diminuer sa bonne humeur et sa foi.