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De la poésie à l’amour, il n’y a qu’un pas ; il ne faut donc pas s’étonner que Leconte de Lisle en philosophe encore ; il s’élève de plus en plus dans le bleu. « Jamais, écrit-il, je n’aimerai que mes idéalités ou plutôt mes impossibilités. »

Non pas qu’il soit insensible, certes ; il se sent « capable d’éprouver en un mois tout l’amour, toute la haine et toutes les espérances d’un homme qui y aurait consacré sa vie entière. » Et « avec tout cela » il est « excessivement malheureux. » Il y a de quoi !

Le Droit est pour quelque chose aussi dans son malheur, cet « ignoble fatras » qui lui fait monter le « dégoût à la gorge, » sans compter les réprimandes incessantes de son « honoré tonton, » qui ne lui verse pas l’argent « à pleines mains. » Il y a des créanciers, en conséquence.

En juillet 1839, il déclare qu’il abandonne le Droit : j’ai noté toutes les menaces de la Faculté ; elles eurent leur effet, comme les réprimandes du « tonton, » car Leconte de Lisle prit une nouvelle inscription en janvier 1840. En attendant, la préoccupation du volume de vers absorbait nos deux correspondants. Leconte de Lisle peut fournir huit cents vers : cela « formera, avec les vers de Rouffet. « un