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leconte de lisle étudiant

connaître, je te prie, l’intérieur de ton ménage. Combien as-tu d’enfants ? Leur âge, leur nom ? Que nous nous connaissions avant de nous voir. »

Fort estimé dans sa ville natale, dont il allait bientôt devenir maire, M. Louis Leconte, à en juger par sa correspondance, semble d’une nature un peu sèche, d’une correction bourgeoise un peu étroite, de principes un peu durs. Il était peu fait, lui, l’homme d’affaires et le citadin d’une petite ville bretonne, pour comprendre et pour diriger un jeune homme librement élevé à Bourbon et déjà atteint de poésie, un enfant gâté, s’il faut tout dire, car la correspondance de M. Leconte de l’Isle, même aux heures où elle se fera sévère, est pleine de la plus grande tendresse et d’une exquise faiblesse pour l’enfant exilé.

Elle marque, dès le début, les préoccupations les plus vives, les inquiétudes les plus minutieuses. Les moindres détails de la vie de l’étudiant seront l’objet de soucis constants et de recommandations pressantes. Si les parents du poète ne l’ont jamais compris, au dire d’un biographe qui reçut les confidences du Maître, ils l’ont, du moins, profondément aimé. Son installation à Rennes les préoccupe à divers points de vue.