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perçu ou justement méprisé par ceux qui conservaient religieusement les saintes traditions de la véritable poésie. » Le XVIIIe siècle n’est intéressant qu’à son agonie et seulement pour sa double réaction politique et littéraire. Corneille et André Chénier « se touchent comme intelligences primitives, spontanées, originales. » Chénier aussi est un fils de Ronsard, « le seul poète du XVIe siècle et qui a conquis la gloire de n’avoir pas été compris par Boileau. » André Chénier est « le Messie » et, s’il avait eu le sentiment chrétien, il ne lui eut rien manqué pour atteindre la perfection du génie qui s’est réalisée dans Lamartine ; aussi, malgré la grandeur de ses qualités poétiques, n’a-t-il pu faire revivre que « la forme éteinte, l’expression oubliée… La facture de son vers, la coupe de sa phrase, pittoresque et énergique, ont fait de ses poèmes une œuvre nouvelle et savante, d’une mélodie entièrement ignorée, d’un éclat inattendu…» Lebrun-Pindare, Lefranc de Pompignan, Lamotte, Marmontel et Dorat avaient « jeté la honte et la médiocrité sur l’inspiration lyrique ; ces incapables et ces insensés » avaient profané la poésie. Chénier parut ! Le présent fut relié au passé et se nouait à l’avenir. De son amour, de son enthousiasme et de son énergie, Chénier a