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réclamât de l’écrivain une correction exagérée ; il donne en passant, à propos de Cumberland, un coup de plume à Casimir Delavigne, « le premier de nos poètes corrects, si toutefois il n’est pas le seul à l’être, » et qui sembla avoir encore un double tort aux yeux du jeune critique, celui d’être spirituel, — on venait de jouer Don Juan d’Autriche, et d’être académicien. Pour conclure, Leconte de Lisle se demande qui réveillera la littérature anglaise endormie. Le sommeil lui semble profond, tandis qu’en France, il salue « le génie régénérateur de Victor Hugo. »

Le nom de Victor Hugo, prononcé avec sympathie, nous amène à rechercher quelles étaient les idées de Leconte de Lisle sur la poésie. Il les a formulées dans son étude sur Chénier. La poésie, « inspiration créatrice et spontanée, sentiment inné du grand et du vrai, » était morte « dans les dernières années du XVIIe siècle. À l’énergie avait succédé la timidité académique ; à la spontanéité, la réflexion ; à Corneille, Racine ! » La poésie n’est pas ce qu’en ont écrit Malherbe et Boileau. « Ces hommes » sont oubliés ! Corneille n’a pas eu d’héritier ; Phèdre et Alhalie « ne révèlent rien qu’une prodigieuse puissance de forme, rien de plus. » Quant à Voltaire, « il a passé ina-