Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plutôt que d’aptitudes réelles ; nature d’élite ; artiste incomplet ; grand poète de hasard. A laissé derrière lui, comme une expiation, une multitude d’esprits avortés, cervelles liquéfiées et cœurs de pierre, misérable famille d’un père illustre. »

Si le rédacteur de cette note, si l’auteur de Qaïn, des Siècles maudits et d’Hypathie, le fervent de la Grêce païenne, l’ennemi du Christianisme, n’apparaît pas encore dans l’écrivain de La Variété, peut-être parviendrons-nous à découvrir, dans les théories littéraires de Leconte de Lisle à cette époque, le germe de l’originalité artistique du chef de l’École Parnassienne.

Dans son étude sur Hoffmann, il s’attache à prouver que ce « génie bizarre et enthousiaste » fut cependant « éminemment et incontestablement moral. » Il le défend, comme d’une injure, de l’accusation d’avoir « mené une vie errante et sauvage, » et constate avec empressement qu’il occupait « une position élevée et honorée, » qu’il était accueilli « dans la haute société et y exerçait une influence proportionnée à la profondeur de son talent. ». Ce qui surprendra moins, c’est qu’en louant les œuvres « de ce créateur d’une nouvelle forme de satire, » il condamne « les fantaisies incroyables et les caprices fous » de ses imitateurs.