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À une date que je ne saurais préciser, peu de temps après son élection à l’Académie, Leconte de Lisle me pria d’intervenir près d’un éditeur et d’un écrivain rennais pour leur faire défense de sa part de publier un recueil projeté par eux et qui contenait ses vers de jeunesse.

Leconte de Lisle me reparla quelquefois de cet incident, mais ses idées sur ce point semblaient s’être modifiées. Ces exhumations possibles avaient fini par le faire sourire. Un jour même, cet impeccable alla jusqu’à me dire, comparant ses débuts si lents aux habiletés rapides de tant de jeunes maîtres de dix-neuf ans, dont les vers sont d’une irréprochable facture : « Plus j’y pense, mon ami, plus je crois, qu’il faut avoir fait de mauvais vers. »

Moins mauvais que les vers de Leconte de Lisle récemment publiés dans la Revue Bleue et qui furent écrits à Bourbon, ces petits poèmes ne sont pas de ceux qu’il est intéressant de sauver de ce que les pédants appellent « le juste oubli. »

Ils sont un peu moins amoureux et un peu moins tristes que les autres Romances des futurs inconnus, écrites sur l’album d’Alix, et dont voici quelques extraits :