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à ceux qui abandonneraient leurs campagnes, la partie de ses domaines et de la Mygdonie, qui est située autour du lac Bolbé. Ces peuples rasèrent leurs villes, se transportèrent dans l’intérieur du pays, et se préparèrent à la guerre.

LIX. Cependant les trente vaisseaux d’Athènes arrivent dans la Thrace, et trouvent que Potidée et les autres villes ont consommé leur rebellion. Les généraux regardent comme impossible, avec les forces qui sont à leurs ordres, de faire à la fois la guerre à Perdiccas et aux villes rebelles ; ils se tournent contre la Macédoine, suivant leur première destination, et opèrent leur jonction avec Philippe et les forces de Derdas, qui avaient pénétré dans l’intérieur du royaume.

LX. Déjà la flotte d’Athènes était autour de la Macédoine, et Potidée était soulevée, quand les Corinthiens, qui craignaient pour cette ville et qui ne regardaient pas comme indifférens pour eux les dangers qui la menaçaient, y firent passer des volontaires de Corinthe et des mercenaires levés dans le reste du Péloponnèse. Le tout faisait seize cents hoplites et quatre cents hommes de troupes légères. Ils leur donnèrent pour général Aristée, fils d’Adimante, et ce fut par inclination pour lui que la plupart des gens de guerre de Corinthe voulurent le suivre ; lui-même avait toujours eu de l’amitié pour les citoyens de Potidée. Quarante jours après la défection de cette ville, ces troupes arrivèrent dans la Thrace.

LXI. On fut bientôt instruit à Athènes du soulèvement des villes ; on apprit aussi l’arrivée des troupes que commandait Aristée, et à cette nouvelle, indépendamment des premiers vaisseaux qu’on venait d’envoyer, on en expédia encore quarante avec deux mille hoplites d’Athènes. On leur donna cinq généraux, dont Callias, fils de Calliade, était le premier. À leur arrivée dans la Macédoine, ils trouvent que les mille hommes qui sont partis avant eux viennent de prendre Thermé et font le siège de Pydna. Ils se joignent eux-mêmes à cette opération ; mais ensuite, pressés par l’affaire de Potidée et par l’arrivée d’Aristée, ils sont obligés de faire un accord avec Perdiccas et de conclure avec lui un traité d’alliance, et ils sortent de la Macédoine. Arrivés à Berrhoé, ils tentèrent de la prendre, la manquèrent, et suivirent par terre leur marche vers Potidée avec trois mille de leurs hoplites, sans compter les alliés, qui étaient en grand nombre, et six cents cavaliers macédoniens, conduits par Philippe et Pausanias. En même temps, soixante-dix vaisseaux les suivaient en côtoyant ; eux-mêmes, prenant un peu d’avance, arrivèrent le troisième jour à Gigone, et y assirent leur camp.

LXII. Les troupes de Potidée et celles qu’Aristée avait amenées du Péloponnèse, campèrent, en attendant les Macédoniens, près d’Olynthe, sur l’isthme ; elles établirent un marché hors de la ville. Les alliés élurent pour général de l’infanterie Aristée, et donnèrent le commandement de la cavalerie à Perdiccas ; car ce prince venait d’abandonner encore une fois les Athéniens, et ayant remis le gouvernement dans les mains d’Iolaüs, il s’était joint aux Potidéates. Le dessein d’Aristée était d’observer, avec ce qu’il avait de troupes dans l’isthme, l’arrivée des Athéniens, pendant que les Chalcidiens, les alliés qui se trouvaient hors de l’isthme, et les deux cents cavaliers aux ordres de Perdiccas, resteraient à Olynthe. Leur destination était, à l’arrivée des Athéniens, de les prendre par derrière, et de les renfermer entre les deux armées.

Mais le général athénien Callias et ses collègues envoyèrent de leur côté à Olynthe la cavalerie macédonienne de Philippe, avec un petit nombre des alliés, pour contenir les ennemis qui s’y trouvaient postés, et les empêcher de donner du secours à l’autre armée. Eux-mêmes levèrent le camp et s’approchèrent de Potidée. Arrivés à l’isthme, ils virent les ennemis se préparer au combat, et se mirent en ordre de bataille. Bientôt après, l’action commença : l’aile d’Aristée et ce qu’il avait avec lui de Corinthiens et de troupes choisies mirent en fuite les ennemis qui leur faisaient face, et les poursuivirent au loin. Le reste des troupes de Potidée et du Péloponnèse fut vaincu par les Athéniens, et se sauva dans la place.

LXIII. Aristée, à son retour de la poursuite, trouva que l’autre aile était vaincue ; il fut incertain sur le parti qu’il devait prendre de se jeter dans Olynthe ou dans Potidée. Il préféra la dernière place comme la moins éloignée, rallia ses soldats et s’y précipita à la course. Toujours accablé de traits, il se glissa, non sans peine, le long des éperons qui appuient le mur du côté de la mer, perdit quelques-uns de ses gens et en sauva le plus grand nombre.