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a eu une si grande influence sur l’esprit de ses contemporains ; et il serait possible que Platon, dans la partie dramatique du Phédon, dans le Criton et l’Apologie surtout, nous donnât de cette grande figure de l’antiquité un portrait plus ressemblant, quoique peint avec plus de largeur et de liberté.

« Quant à ses ouvrages historiques, ils ne sont pas non plus le résultat d’un plan formé long-temps d’avance. Il ne prend pas, comme Thucydide, la résolution de consacrer vingt années de sa vie à recueillir les matériaux d’une histoire, à interroger tous ceux qui en ont eu connaissance, à voyager exprès sur le théâtre des événemens pour en bien connaître les détails et pour en mieux pénétrer les causes. Ces ouvrages sont amenés en quelque sorte par des circonstances fortuites. Ainsi, acteur principal dans la merveilleuse retraite des Grecs, il éprouve à son retour le besoin de raconter un événement dont personne ne devait connaître mieux que lui les détails, et n’était plus intéressé à présenter une narration complète, puisqu’elle devait être un tableau de ses talens stratégiques. Appelé par la confiance de Thucydide ou de ses héritiers à faire connaître l’ouvrage incomplet de cet historien, il est naturellement amené à l’idée de compléter cet ouvrage jusqu’à la fin de la guerre du Péloponnèse, c’est-à-dire jusqu’au point où Thucydide voulait pousser son histoire, partie qu’il rédigea sans doute en premier lieu ; puis il ajouta successivement dans sa retraite à Scillonte et à Corinthe, le reste de l’histoire de son temps jusqu’à la bataille de Mantinée. »

La première édition complète, qui ait paru du texte grec de Xénophon, est celle de 1540, à Halle, avec une préface de Mélanchthon.

La première édition grecque-latine parut en 1545 à Bâle.

Henry Estienne publia en 1581 une édition grecque et latine qui fit oublier celles qui l’avaient précédée.

Benjamin Weiske a publié en gros in-8 (Leipzig, 1798-1804) une édition remarquable par ses dissertations historiques et littéraires.

Schneider a revu et publié de 1791 à 1815 les divers Traités déjà publiés par Zeune, et les a complétés par ses commentaires sur les ouvrages historiques.

L’édition la plus complète que nous ayons en France est celle qu’a donnée M. Gail en 9 volumes in-4o.

Les diverses parties de Xénophon ont souvent été traduites en français. La Boétie, ami de Montaigne, a traduit l’Économique dans un style gracieux et simple. MM. Dacier, l’Évesque, Larcher, Dumont et La Luzerne, ont traduit aussi divers morceaux. M. Gail, dans son édition, a réuni ces diverses traductions en les revoyant. Ce sont les révisions données par M. Gail, que nous avons adoptées, et nous y avons joint les deux charmantes traductions données par Paul-Louis Courier de l’Équitation et du Maître de la cavalerie. C’est pour la première fois que ces diverses traductions sont réunies de manière à former un tout complet.

Le tableau suivant, donné par M. Letronne, place l’ensemble des faits sous les yeux du lecteur.

Olympiades. Années. Âge.
LXXIII 4   445 Naissance de Xénophon
LXXXVII 3 430 Il fait connaissance avec Socrate. 15
LXXXVIII 2 427 Est enrôlé parmi les περιπόλοι. 18
LXXXIX 1 424 Se trouve à la bataille de Délium. 21
XC 1 420 Compose le Banquet. 25
XCIII 3 406 Prend des leçons d’Isocrate. Voyage en Sicile. Compose l’Hiéron. 39
XCIV 4 401 Se marie. Publie l’ouvrage de Thucydide. Écrit les deux premiers livres des Helléniques. 44
XCIV 4 401 Part pour l’armée de Cyrus. 44
XCV 2 399 Revient à Athènes. 46
XCV 2 399 Compose les Mémoires sur Socrate, l’Économique, le Maître de la Cavalerie. Commence la Cyropédie et l’Anabase’. 46
XCVI 3 394 Part pour rejoindre Agésilas. Banni d’Athènes sous Eubulus ou Eubulide. 51
XCVI 4 393 Revient en Grèce. Bataille de Coronée. Suit Agésilas à Lacédémone. 52
XCVII 1 392 Se retire à Scillonte, où il reste vingt-quatre ans. Envoie ses fils à Sparte. Rédige l’Anabase et la Cyropédie. Continue les Helléniques. Écrit les Républiques de Sparte et d’Athènes, les Cynégétiques, l’Équitation. 53
CIII 1 368 Xénophon expulsé de Scillonte, se retire à Lepreum, puis à Corinthe. 77
CIII 2 367 Rappelé par un décret d’Eubulus. 78
CIV 3 362 Mort de Gryllus, son fils, à la bataille de Mantinée. 83
CV 1 360 Achève la Cyropédie. 85
CV 4 357 Achève les Helléniques. 88
CVI 1 356 Compose le Traité des Finances des Athéniens. 89
CVI 2 ou 3 355 ou 354 Sa mort. 90


Paris, 20 mai.

J. A. C. BUCHON