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vont faire courses çà & là par mer & eauë douce pour pareilles occasions, & Batre vne muraille, pour la mettre bas, ou y faire breche, & y entrer d'assaut, ce que les Romains faisoient auec grosses poutres suspendues entesteés de fer en forme de teste de belier, & nous à present faisons à coup de canon, dont vient le mot militaire Baterie, qui signifie le heurtis des boulets contre les murailles d'vne ville, quad ils sont canonnez, tout ainsi qu'on dit quand la meßlée se fait de deux armées, qu'ils se battent. Dont vient le mot combat, & le verbe combatre, estant Batuere, vsité des Latins pour pugnare, comme Sueton. In Caligula en vse és chapitres 32. & 54.

Batre iusques à la mort, Ad mortem vsque multare.

Batre de verges iusques à la mort, Caedere aliquem virgis ad necem.

Batre à force, Deuerberare.

Se batre l'vn contre l'autre, Velitari.

Ils estoient tous prests à se batre, ou à combatre, Nec procul dimicatione res erat, B. ex liuio.

Venir iusques à se batre & s'entr'empoigner, Venire ad manus.

On se batit si longuement, qu'on ne sçauoit qui auoit du meilleur ou du pire, Ibi Marte incerto pugnatum fuit.

Batre le bled au fleau, Baculis grana excutere, Colum. lib. 2. c. 21.

Batre quelqu'vn à force de tesmoins, Caedere testibus.

Batre aucun à force d'argent, & tascher à le vaincre, Oppugnare aliquem pecunia.

Maintenant c'est batre à froid, Caluit re recenti, nunc in causa refrixit, B. ex Cic.

Batre l'eau, c'est à dire, Perdre sa peine, Oleum & operam perdere.

Batre les eaux ou les ruisseaux, Se dict entre veneurs d'vn cerf, lors qu'esiant pressé des chiens pour se desfaire d'eux il se lance dans vn estang ou dans vne riuiere, & s'en va nageant.

Qui est batu, Verberatus, Incussus.

Estre batu, Vapulare, Verbera ferre.

Estre batu du maistre, Pendere poenas magistro.

Qui est aucunement palle, & comme batu d'escourgées, Sublaridus.

A demi batu ou broyé, Semitritus.

Digne d'estre batu & fouëtté, Verbero, verberonis.

Batu de verges & fouetté par les quarrefours, Verbero compitalitius, Verbero famosus, & mastigia facinorosissimus, per omnes vicos sub verberibus actus, B. ex liuio.

Batu en vn mortier, Pistus, Tritus.

Bateur est vn vocable ores adiectif & general à tous ceux qui frappent de quelque chose que ce soit qu'ils battent, soit du poing, soit de baston, espée, ou autre chose, Percussor, &;vient de Batuo, verbe Latin qui signifie batre. Et est plus signifiat que frappeur, d'autat que frapper est d'vn coup doné, & batre est de plusieurs coups iterez. Mais en particuliere signification & substantiue, signifie celuy qui auec fleau bat du bled en la granche, ainsi on dit, Les bateurs sont en la granche, Excussores spicarum fascibus imminent, Et par translatio on appelle Bateur de paué, celuy qui à toute heure va par les rues d'vne ville, Obambulator, Par ce qu'en marchant il bat de ses talons, & fait sonner le paué des rues, comme si on disoit, Viarum stratarum calcator.

Toute la baterie tourna celle part, Praelium eò versa est.

Batement, ou Bature, Percussus, percussio, Verberatus huius verberatus.

Le batement de la mer, Repercussus maris.

Vn batoir, instrument de quoy on bat les aires des maisons & granches, Pauicula.

Batable, ville batable qu'on peut batre d'artillerie, Vrbs tormentis aeneis obnoxia, On dit vn homme Batable, pour vn brigueux & querelleux d'autant qu'il est subiet à estre souuent battu, pour ses brigues & querelles.

Batus, m. acut. En nombre plur. signifie la confrairie de ceux qui pour penitence de leurs mesfaits, estans suruestus d'vn long habit de toile, dont le coqueluchon pendant du haut de la teste sur le deuant, leur couure tout le visage hormis les yeux : & derriere en l'endroit du dos a vne grande ouuerture par où leur chair se descouurat, ils se batent le dos à sang & playe auec fouets de corde les vns noüées, les autres ayans au bout des braches, petites molettes d'esperon faites d'arget, ou petites pomettes semées de picquons en pointe. Et ce sur le vespre d'entre les Ieudy & Vendredy orez, marchans en procession guidée de bastonniers, d'eglise en eglise de la ville où ils sont, precedez d'vn grand crucifix, & accompagnez de gens qui portent vin & espices, pour secourir ceux qui à force de se batre tombent en faillement, & pour destremper & desmesler les branches de leurs fouets quand du sang qui decoule de leurs dos elles se gluent & s'attachent ensemble. Tels Batus ont entre eux diuerses confrairies, distinguez par la couleur de leurs habits, les vns blancs, les autres noirs, aucus gris, & d'autres couleurs, selon lesquelles ils sont appelez les Batus blancs, noirs, gris, &c. Et vont tous accompagnez de grands luminaux de torches, les vns auec chapelle de chantres de choses faites, autres non. Et n'est de se batre ainsi chose contrainte entre eux, ains à deuotion & voloté. Car maints y en a, lesquels nonobstat qu'ils marchet ainsi habillez le fouët au poing, & regez en ladite procession, ne se batent ia pourtat. Au retour de laquelle procession ils se reduisent chacune confrairie en son regard au lieu où ils celebrent leurs assemblées en toutes choses, où sont preparez oignemens


pour les remettre des blesseures de leurs battures, & au reste collations somptueuses, chacune d'icelles confrairies a son chef annuel en titre de prieur ou autre, & ses officiers pour leur communauté, & si quelqu'vn d'entre eux vient à deceder, le reste de la confrairie dont le decedé estoit, vestus de leursdits habits le viennent enleuer, porter & conuoyer en terre, estant obserué en maint endroit que le trespassé soit porté dans le lict funebre, vestu du mesme habit de sa confrairie.

Bau, On dit entre mariniers parlant de la grandeur d'vn nauire, qu'il a tant de pieds de quille, c'est à dire de long, & tant de pieds de bau, c'est à dire, de large & ouuerture, & tant de pieds de chete, c'est à dire, depuis le pont iusques à la quille, & tant de pieds de Loo, c'est à dire, depuis le mast iusques aux bords du nauire comme il va à la bouline d'vn bord ou d'autre, selon que les escoutes de la bouline sont amarrées.

Baus en faict de nauires sont certains soliueaux, six ou sept en nombre couchez par trauers de proe à poupe, & esleuez sept ou huit pieds par dessus le fonds du nauire, pour vaisseau de charge, ou six pieds pour vaisseau de guerre, & seruent pour tenir la rondeur & courbeure du nauire en son entier & empescher que les bords ne viennent dedans, & que le vaisseau ne s'escache, & pour porter le tillac. Mais en fait de venerie, Baus sont chiens blancs, la plus part & les meilleurs, tous d'vne piece, surnommez greffiers, voyez Bauds.

Bau de bite, voyez Bite.

Bauard, voyez Bauer.

Bauche, de muraille, Corium, De ce mot viennent Embaucher, Desbaucher, Rembaucher.

Bauds, m. pluriel, c'est vne espece de chiens courans blancs la plus part & les meilleurs tous d'vne piece, que le Fouilloux surnome greffiers, lesquels ne sont pas communs à courir toutes bestes, ains seulement le cerf, pour laquelle cause aucuns les appellent Chiens cerf, Canes, la race desquels selon l'opinion dudit Fouilloux est venuë de barbarie, où ces chiens & mesme la meute du Cherif, l'vn des Roys de Mauritanie, sont tous blancs, auec lesquels on y prent le Ranger à force : s'accordant Phebus à ceste opinion, disant qu'il a esté audit pays où il a veu predre le Rager à force à des chies qu'il nomme bauds. Ils sont beaux chasseurs requerans, forcenans & de haut nez qui ne laissent pour chaleurs qui puissent estre à chasser sans se rompre à la foule des picqueurs ne au bruict & cry des hommes, & gardent mieux le change que nuls autres chiens & sont de meilleure creance, mais veulent estre accompagnez de picqueurs, craignent l'eauë en temps d'hyuer, & sont subiets à courir au bestiail priué. Aucuns les appellent Chiens Muets, d'autant que venant le cerf au change, ne dient mot iusques à ce qu'il en soit hors, Canes echemythi, pythagorei, harpocratici, B. Il y en a qui disent, qu'ils sont appelez bauds par ce qu'ils sont hardis & deliberez.

Baude, Gaudens.

Baudement, Aduerb. Gaudenter.

Baudir, ou Esbaudir, c'est resiouïr, Exhilarare, Baudir ou rebaudir les chiens courans : leur donner allegresse & courage parlant à eux ou sonnant les mots propres à cela. Baudir vn faucon, le resiouyr & encharner à prendre vn heron ou autre oyseau de combat.

Bavdras, voyez Mesopotamie.

Baudrier, m. acut. qu'on dit aussi Baudri, acut. Est vn cuir de grain de forte vache, luisant, poli & lissé & espais, & par apres teint. Dételle couleur qu'on veut, qui sont toutes façons du Bauldroyeur, duquel on fait les ceintures, bandolieres, celles des veneurs à porter leurs trompes, & plusieurs autres choses, comme colliers à leuriers d'attache & à dogues. Ce cuyr au sortir des mains du taneur est baudrié par le baudrieur, en ceste sorte apres l'auoir mouillé, est par luy à force de bras trauaillé, auec vn fer quarré emmanché d'vne poignée couchée, appelé Estire, pour le vuider de l'eau dont il est mouillé, & puis estant seiché, & lissé auec vn rouleau massif de voirre plat par dessous, appelé Lisse, qui est vne autre façon à force de bras, & apres y auoir passé l'estamine, & peu d'autre menu appareil, teint de telle couleur qu'on la demande. Et parce qu'anciennement la ceinture où tenoit l'espée dont le nouueau cheualier estoit ceint receuant l'ordre de cheualerie, estoit faite de tel cuir, on a nommé ladite ceinture le baudrier de cheualerie, qui est large, portée par les cheualiers en faits d'armes penduë en escharpe de l'espaule droite sur le costé gauche, à laquelle pend l'estoc ou espée d'armes. Baltheus, ou Baltheu, duquel mot aucuns le veulent tirer, mais ne doit on, Ainsi on dit Baudrier de cheualier & Baudrier de cheualerie. Nicole Gilles en la Chronique de Louys le Debonnaire : Le deposerent de l'honneur d'Empereur, & le contraignirent à mettre sus le baudrier de cheualerie, & mettre les armes Imperiaux sur l'autel S. Sebastien. Et au chap. ensuyuant, Et luy fut derechef mise la couronne Imperiale sur la teste, & ceint le baudrier de cheualerie. Le Baudrier estoit present Royal, & tant estimé, que Charlemagne l'enuoya en don à Offlas Roy des Mercieurs, comme appert par les lettres closes de luy addressans audit Roy Offlas rapportées par Matthieu de VVestmonstier en son Flores historiarum, en ces mots, Vestrarum dilectioni vnum Baltheum, & vnum gladium huniscum, & duo pallia serica duximus destinanda. Aussi estoit-il estoffé de bouillons d'or enchassez de pierres precieuses, comme se peut encor voir aux sepulchres de plusieurs cheualiers du temps passé. Martial. lib. 14. semble l'appeler Parazonium.

Baudroyer, ou Bauldrier, actiu. acut. Est apprester le cuir des façons de Baudroyerie, voyez Baudrier.


Baudroyeur,