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DA DA 173

Lesquelles gardes le cerf quād il mue cache dās terre, estans de si grande vertu contre le poison, qu’elles equipollent à la Licorne.

Combattre à espée & dague, Certare spatha & semipatha, Vegece liu. 2. ch. 15.

Daigner, Il vient de Dignor, dignaris.

Ie ne daigne prier & faire la cour aux grammairiens, Ie ne les repute pas dignes d’estre priez par moy, Non dignor ambire grammaticos, Horat.

Ne daigner regarder aucun, Auersari aliquem.

Il n’y a nul qui daigne se destourner du chemin, Haud quisquam dignum habet decedere.

Ne daignant regarder les autres, Auersus.

Daim, m. Dama.

Les peaux de daims & de cerfs dequoy vsoient les anciens és festes de Bacchus, Nebrides.

Daintiers, C’est vn mot vsité entre veneurs & en fait de venerie sans plus, qui signifie couillons de cerfs, Ceruini testiculi.

Dais, m. Qu’on escrit aussi dez & deés monosyllabe comme Seel. C’est vn poile quarré à pendants en cortine par deuant & aux costez, & à grand dossier deuallat bien bas par derriere, frangé par tout, qu’on met ou sur la table des Rois & Princes souuerains où ils prennent leurs repas, ou sur leurs thrones royaux, & ce par grandeur plus que pour obuier à la cheute de la poussiere. Aussi n’est-il licite en vser à autres qu’aux Princes souuerains. Combien que selon l’vsage d’auiourd’huy Dais soit autre chose que Poile, neantmoins il semble que nos maieurs ayent appelé Poile ce que nous appelons Dais, comme se void en Maugist d’Aigremont, où est escrit : Adoc la pucelle Y sanne, qui estoit sœur de ladite Dame, print vn poile qui là estoit, & le coupa par le milieu, & dedans enuelopa les deux petits enfans. Car il est indubitable que l’Auteur n’entend parler d’vn Poile qu’on porte à quatre bastos sur la personne d’vn Roy ou Prince souuerain à leurs premieres entreés és villes de leur obeissance, ains d’vn Dais souspendu, qui est ordinaire és maisons des Roys, voyez Poile.

Dalmace, f. pen. Est vne contrée du pays de Illyrie, c’est d’Esclauonie, laquelle vise à la mer. Adriatique, & tient de l’Ouest à la Liburnie autre partie d’iceluy pays d’Esclauonie appelé Croatia, dont le peuple, selon que Florus recite, repaire la plus part du temps és forests, exerceat voleries & brigandage sur les passans, & si neantmoins est plantureuse de minieres d’or, selon Pline au liure 33. chap. 4. Aucuns appellent auiourd’huy ceste cotrée de Dalmace, Esclauonie sur la mer, ou de mer, Dalmatia.

Dalmaces, m. penac. Sont les peuples de Dalmace qui sont aussi appelez Dalmaciens, acut. On les appelle à present du titre general d’Esclauons.

Dalmatique, f. penac. Est vne maniere de vestement sacerdotal à la Grecque, descendant iusques aux talons, ainsi dit parce que les Dalmatiens & Sclauons, comme dit Isidore, l’ont au premier mis en vsage, & tissu de blanc & moucheture de pourpre l’estoffe dont ils faisoient faire telle maniere d’habit, Nic. Giles en ses. Annales parlant du Roy Charles le Chauue : Il contemnoit de viure & soy habiller à la maniere des François & se gouuernoit à la maniere des Gregeois. Il auoit volontiers vestue vne grande Dalmatique, qui luy venoit iusques aux talons, & auoit la teste enuelopée d’vn couurechef de soye, ainsi qu’on peind le grād Soudan de Babylone, & portoit vne couronne dessus, & tousiours auoit à son costé vn grand badelaire Turquois, Dalmatica vestis, Pallium Dalmaticum, Matthieu de VVestmonstier en son Flores historiarum insere vne lettre de Charlemagne à Offas Roy des Merkieurs (Merciorum) auquel entre autres choses il escrit en ces mots. Cognoscat quoque dilectio vestra quòd aliquam benignitatem de Dalmaticis nostris vel pallijs ad singulas sedes Episcopales regni vestri, vel Ethelredi direximus, in eleemosynam Domini Apostolici Hadriani.

Dalmatique est außi appelé l’vn des vestemens desquels est mystiquement vsé en la celebration de la messe, qui est fait à manches larges en maniere de croix, mis en auant par le Pape Syluestre au lieu du Collobe qui estoit sans manches. La façon & signifiance mystique de laquelle, & qui sont ceux qui en doiuent estre vestus, sont au long declarez par Durand lib. 3. c. 11. In rationali diuinorum officiorum. Alcuinus de diuinis offic. Amalarius Fortunatus lib. 2. c. 21. de ecclesiastic. offic. Rhabanus de institut. clericor. lib. 1. c. 20. VValafridus de reb. ecclesiast. c. 24. Et Yues Euesque de Chartes, De reb. ecclesiast.

Estre vestu à la Dalmatique ou Dalmacienne, Dalmatiatus, Ainsi Philippe Venuti en son dictionnaire Italien rend ceste maniere de parler Italienne, Vestito alla sciauonesca, Mais Lampride In Heliogabalo, dit Dalmaticatus, In publico post cœnam saepe visus est Gurgitem Fabium & Scipionem se appellans, quod cum ea veste esset, cum qua Fabius & Cornelius à parentibus ad corrigendos mores adolescentis in publicum essent producti.

Dam, m. Signifie dommage, detriment, Ainsi dit-on, Ton dam, ou A ton dam, où C’est ton dam, à qui par opiniastrer en son aduis, ou inconsiderément entreprendre est mesaduenu, c’est à dire, Le dommage en est tien, comme si quand on est conseillé par autre, & il en meschet, le dommage en deust estre commun aussi au consulteur, Damno tuo, tuóque id incommodo contigerit, Il vient du Latin Damnum, Mais le François le prononce par n, Dan, & le doit ainsi escrire comme aussi Danné & Condanné, Dam aussi est vn titre d’honneur qui est donné par courtoisie à vn seigneur, auquel on parle ou escrit, comme Dam cheualier vous entreprendrez s’il vous plaist la querelle de moy poure vefue destituée de garieur & defenseur. Aucuns l’escriuent par p, Damp, en ceste signification, mais abusiuement, voyez Dame.

A mon dam, Meo periculo, aut damno.

Damas, Robbe de damas, Serica vestis, Damascena, B.

Habillement damassé, Scutulata vestis.

damas, nom propre de ville, Damascus.

Eauë de damas, debet dici Eau d'amas, id est, de amas, c'est à dire, plusieurs herbes odorantes amassées et distillées ensemble, comme marjolaine, romarin, lavande, menthe, baulme, coq, sauge, thym, baselic, auroenne, lil, flamme.

Qui est de Damas, Damasquin, Damascenus.

Tailler quelque chose à la damasquine.

Dame, f. penac. Signifie proprement celle qui a droit autorité & commandement sur quelque chose, Domina, Selon ce on dit Dame de tel lieu, la Dame du logis, & le mari appelle sa femme la Dame de nos biens, ou la Dame de ceans, & ne vient pas pourtant de δάμαρ ou δάμαρζ,mots Grecs signifiants Espouse, comme aucuns pensent. ains de ce Latin Domina, duquel l’Italien fait Donna par syncope de la voyele i, & nous par plus grand reiect de lettres, & changement des voyeles premiere & derniere, Dame, & l’Espagnol plus corrompuément, Duenna, est aussi vsurpé pour vn simple titre d’honneur, sans importance de tel droict & authorité que dit est, quand par courtoisie on le donne à vne femme de moyen estat, parlant à elle ou d’elle, comme, Dame Iane irez vous-là ? Dame Marie a dit cela, &c. Car à celles de grand estat & haut parage, on dit Madame, aussi par simple titre d’honneur, l’Italien en vse sans ces differents respects, disant Donna Camilla, & Madonna Camilla, parlant à vne femme de moyenne qualité, & Madama quand il parle aux grandes Dames de titre, empruntant en cela ledit mot François, car vsant du sien il dira Signora, Mais l’Espagnol n’vse de ce mot Donna, si n’est par attribution de respect & grandeur à celle à qui il le donne. Le masculin Dam (qu’aucuns escriuent Damp, mais sans raison) est pareillement vsité pour simple titre d’honneur, comme Dam cheuallier. Ce que l’Italien & l’Espagnol font aussi, disans Dom Pietro, Dom Sancho, Mais ils ne l’attribuent si n’est à grands seigneurs de titre, à Princes & à Rois, Dom Alfonso Deste, Dom Iuan d’Austria, Dom Carlos Principe de Castilla, Dom Phelippe Rey de Castilla. Les Religieux de S. Benoist & tels Ordres s’en intitulent en Italie, Dom Massimo, & les marchands & banquiers de grand fonds & capital, mais ceux-ci vsent du mot Latin Dominus.

Dame ou maistresse, Domina.

Grandes dames, de grand renom, Principes fœminæ.

Mal gracieux aux dames, Inuenustus, B.

Estre dame de soy, en vsant de ses droits, Esse suæ tutelæ, Bud.

Dameret, Est appelé celuy qui est entreteneur de dames & qui leur fait la cour & l’amour.

Dames, C’est vne espece de ieu qui se iouë sur l’eschicquier du tablier & damier auec deux bandes chacune de douze tables de chacun costé, lesdites bandes diuersifiées par deux couleurs, Scrupi, B.

Damier, Alueolus, Fritillus.

damiette, nunc Damiata, Ville anciennement nommée Heliopolis, où le Roy sainct Loys fut prins. Elle a außi esté appelée Pelusium, Est enim Pelusium nomen ostij & oppidi.

Damner, ou condamner, Damnare.

Damné, Damnatus.

Damnable, Damnandus.

Damnation, Damnatio.

Damoisel, ou Damoiseau, Estoit anciennement appelé le gentilhomme qui n’estoit encores cheualier. Au 3. liure d’Amad. chap. 3. Damoisel & Escuyer sont attribuez à Norandel demandant Cheualerie, lequel l’ayant receuë n’est plus appelé de tels tiltres, ains seulemet du titre de cheualier. En Maugist d’Aigremont : Et quand veint apres disner, les Cheualiers & Damoiseaux s’en allerent tous armer. Or est-il dit auparauant : Et furent Cheualiers & Escuyers moult honorablement habillez : & s’estants assis à table chacun selon son degré, furent tres-bien seruis.

Damoiselle, C’est proprement & selon l’vsage ancien du mot, vne gentilfemme, n’ayant titre de dame, & est le feminin de damoisel qui signifioit gentil-homme n’estant cheualier. Mais à present par. Damoiselle est entendue toute femme qui porte coquille, attour & chaperon pendant de velours, n’estant femme de cheualier, comte, marquis ou de plus eminent titre, Mitellata matrona, vel mitrophora : vt Capitiata, Bourgeoise, Femme à chaperon, Bud.

Damp, m. voyez Dam.

Dandin, m. acu. Est dit celuy qui baye çà & là par sottise & badaudise sans auoir contenance arrestée, Ineptus, Insipidus, & Dandiner, vser de telle badaudise, Ineptire.

danemarc, C’est celle cōtrée d’Alemagne en titre de Royaume, qu’on dit modernement en Latin Danomarchia, ou Danomarkia, & par-


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