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Cestuy la, m. Isce, Pronom demonstratif, auec l’adionction de l’aduerbe la, par mesme raison que Cela, voyez ce.

I’ay fort pensé à ceste mesme chose cy, Ista ipsa de re multum, & diu cogitaui.

Ceste vertu la, Illa ista virtus.

Qui est cestuy-ci ? Hic quis est ?

Cestuy-cy mesme, Is ipse, Hic ipse, Iste ipse.

Cestuy-cy qui est aupres de moy, Hic.

Cestuy-la qui est aupres de toy, Iste.

Cestuy-la Chrysippus, Ille ipse Chrysippus.

Cestuy-la mesme, Ille ipse.

Es-tu donques cestuy-la ? C. Ie suis cestuy-la mesme en propre personne, Ergo ipsúsne es ? c. ipsissimus.

Ceterach, herba, Asplenium.

cethine, voyez Athenes.

Ceuadere, f. penac. Est vn mot Espagnol, qu’aucuns mariniers françois vsurpent ores qu’ils en ayent vn de leur nation, qui est Beaupré, voyez Beaupre.

Ceues, ou ciuots, cepula, cepulae, Gethyum.

CH


chaallons, voyez Challon.

Chable, m. penac. Est vne espece de cordage, gros, dont les gros & pesans fardeaux, soient pierres, ancres, ou autres telles choses sont tirez à mont, ou en plain, ou amarrez & arrestez, & partant ce mot est commun à plusieurs mestiers, vsans communement de telle grosse corde, comme aux mariniers, massons charpentiers, Funis nauticus Rudens, Il peut estre deriué de ce mot Hebrieu Hebel, escrit par Cheth & six poincts, (que nous prononcons Chebel, pour representer la prononciation dudit Cheth lettre gutturale) qui signifie vne corde de toutes sortes, & par corruption de prononciation & transposition de la lettre L, semble ce mot Francois Chable en estre descendu, ou bien de ce mot Grec κάλωζ, vsité pour tout cordage & amarrage de nauires & autres vaisseaux de nauigation, Funis, Rudens.

Les chables, Tomices, Funes ex crassa materia, B.

Deslier & destacher le chable qui tient le nauire, conuellere funem à terra.

Chabot, petit poisson à grosse teste, vnde ei nomen Gallicum, cottus.

Chace, f. pec. Signifie ores, & proprement, la poursuite à pied ou à cheual, à cor, trompe, ou à hopperie & à cri que les veneurs font auec meute de chiens courans, ou leuriers, ou autre espece de chiens apres vne beste champestre pour la prendre (dont l’art & le mestier est appelé Venerie, & tel tiltre a doné Iaqués du Fouilloux au liure qu’il en a escrit, ores que Phœbus, & le liure Modus & ratio, ne portent autre titre que de la chace) qu’ils poursuyuent instamment sans onques l’abandonner depuis qu’elle est vne fois lancée & baillée aux chiens, tant qu’elle soit prinse, Venatio, Venatus, l’Espagnol & l’Italien vsent de mesme mot caça & caccia, ce qui mōstre qu’il le faut escrire par c, & nō par double ss, comme außi ils disent caçador & cacciatore ce que le François dit & escrira Chaceur, aussi le Picard l’escrit par c, disant Cache pour Chace. Et partant ces trois nations vsent de noms prenans leur origine du pourchas du veneur, là où les Grecs vsent de ceux qui procedent du naturel des bestes chacées. Car disansαγρευμα, ou άγρευσιζ, ils donnent à entendre que c’est de beste champestre, & non de priuée que la chace se fait, & disans pour ce mesme θήρα, ou θήραμα, ou θήρεμα, ou θήρευσιζ, ils font scauoir que le naturel des bestes dont on fait chace est sauuage, à tout le moins ex ferarum genere (comme les Iurisconsultes les definissent) & disans θήραγμα, ils comprennent les deux ensemble. Et si bien lesdits mots sont rendus par queste & prinse, ce n’est toutesfois de la naïfue signification d’iceux. Et quand ils la nomment, ils font cognoistre que la chace se fait par la maistrise des chiens (lesquels partant sont appelés sages, cōme emmaistrisez en cest art de venerie) conduits par les veneurs tant aux questes, qu’au laisser courre, qu’aux defauts, cernes, requestes, & abbois. Selon ce que dessus les François disent Chace royale celle en laquelle le Roy en l’assemblée de tous ses principaux officiers de la venerie, & haut appareil & bernage dicelle, accompagné des seigneurs & dames de sa cour, se trouue & y fait grand deduit. Et la chace du Cerf, du Rangier, du Sanglier, du Lieure, ce qui est dit tant pour la poursuyte faite par les veneurs, les picqueurs & les chiens, pour prendre à force, le Cerf, le Rangier, le Sanglier, le Lieure, que pour la maniere, regles & preceptes de les quester, rembuscher, lancer, courre, malmener & prendre. Et aller à la chace, ce que Xenophon au premier liure de la Cyropedie dit έξειναι έπίτλώ θήραν, Faire vne chace, ce que le mesme auteur & Aristote disent θήραν ποιείν. Enuoyer à la chace, ce que iceluy Xenophon dit έκπέμανέπίυ θήραν. Et estre à la chace ce que Sophocle dit θήραν έχειν.

De la dite propre signification de chace en depend vne commune, signifiant toute poursuyte soigneuse & instante apres quelque chose, Persequutio, au 3. liure d’Amadis, chap. 5. Mais ainsi que Gatare retournoit de la chace des ennemis, Quum Gatarus diu fugasset inimicos, ac illinc rediret, Selon ce on dit, Ie luy ay bien baillé la


chace, Egregiè fugienti institi, Car bailler la chace c’est courir apres vn fuyard, & luy chausser les esperons, Fugienti alas talares addere, suppeditare calcaria, Chace aussi en fait de ieu de paulme est l’arrest de la paulme ou esteuf apres qu’il a esté ioüé par l’vn des ioüeurs, lequel le nacquet marque, y mettant vne petite piece de bois du contenu de la paulme de la main (en laquelle est clouée vne piecette de lisiere de drap rouge ou d’autre couleur pour en donner cognoissance) & criant haut ce mot Chace, ou, Voila la chace, afin que les deux parties des ioüeurs l’oyant, n’en tombent par apres en dispute, Actæ pilæ meta, terminus, Et selon ces chaces gagnées est conté le ieu par le nombre de quinze, dont la premiere gagnée vaut quinze, la deuxiesme trente, la troisiesme quarante cinq, & la quatriesme à l’equipollent, mais ne la conte on par soixante, ains par ces mots le ieu, qui signifient le ieu estre gagné, aussi est elle l’acheuemet d’vn ieu, dont les quatre font la partie, qui en est la fin, & qui plus outre veut iouer, faut qu’il en commence vne autre toute nouuelle par chaces & ieus comme dit est. Ledit mot peut auoir ceste signification par imitation des veneurs, car comme ils poursuyuent curieusement la beste pour l’arrester despuis qu’elle est lancée : ainsi le contreioüeur despuis que celuy qui bat la paulme & tient le ieu a frappé (ou de la paulme de la main, ou du battoir, ou de la racquete, ou du bracal si c’est balon) la paulme, l’esteuf ou balon, s’il ne la peut rebattre de volée ou francbond, il court apres en chaceur pour l’arrester afin de faire la chace plus courte & plus gaignable, Chace est vsurpé außi pour l’estenduë de pays iusques où vn musnier peut chacer, c’est à dire pour chacer & aller charger du bled pour le porter moudre à son moulin, Indagatio ac perquisitio tritici molendi, Selon ce les musniers disent qu’ils ont la chace de tels bourgs ou villages, c’est à dire, qu’il ont priuatiuement à autres musniers, le droit & faculté d’aller-querir & charger du bled en tels bourgs ou villages pour le porter moudre à leurs molins. Chace signifie encores, en cas d’aqueducts, (c’est à dire de conduicts d’eauë par fosses subterranées substruction & Arcades) ce qui donne le sault à l’eauë, & la pousse pour la faire courir par les tuyaux d’iceux aqueducts. Budée le rend Expressio, ex Vitruuio, De aquæductib. id quod dat impetum erumpendi, mais c’est κυταχρουζικόζ.

Chacer plus particulierement est pourchasser auec chiens courans & autres tout gibier ou venaison pour le prendre, Venari : car qui chasse va instamment apres la proye future : l’Espagnol & l’Italien vsent de mesme facon de mot en ceste particuliere signification disans, Caçar Cacciar, ce qui monstre qu’il ne le faut escrire par ss, chasser, comme font aucuns, aussi le Picard l’escrit par c, cacher & cache pour chace.

Chacer, c’est pousser & impeller deuant, poursuyure à la queuë quelque chose, Pellere, Agere, Instare vestigiis, comme chasser vne boule, vn esteuf, chasser les cheuaux de marée, chasser aucun d’vn lieu.

Chasser à force de chiens courans, est dit seulement des bestes rousses, & non des noires, selon l’opinion du Fouilloux au chap. xlvi. de sa venerie, Cursoriis canibus ceruum agitare, vrgere, & ad internecionem adigere. Virgil. 3. Georg. & Sidon. Apollin.

Chaceur, c’est vn qui fait profeßion du mestier de venerie, qu’on dit autrement veneur, Caçadous en Espagnol, Cacciatore en Italien, Venator, Il se prend aussi pour quiconque va à la chace tant qu’il y est, posé ores qu’il n’en hante le mestier.

Chace marée, c’est vn voicturier de marée ainsi dit par ce qu’instamment il va chassant à grand’haste, & au grand trot, les cheuaux sur lesquels il mene de la marée.

Chacieux, Yeux chassieux, Gramiosi oculi, vel Glamiosi, B. ex Plinio.

Qui a de nature les yeux pleurans & chacieux, Lippus.

Estre chacieux, Lippire.

Chacie, Lippitudo.

Chaffaut, voyez Eschafaut.

Chagrin & souci, Anxietas, Scrupulositas, Angor, Angustia, cura.

Chagrin soing & solicitude pour autruy, Solicitudo.

Qui est chagrin en soy-mesme, Ex animo solicitus.

Chose pleine de chagrin, Res solicita.

Vn fort grand chagrin & soing qu’on a de bien faire quelque chose, Religio.

Qui est chagrin ou de grand soing ou souci, Anxius, Solicitus.

Elle est chagrinée de cela, Ex hoc misera solicita est.

Engendrer à quelqu’vn chagrin, Esse solicitudini alicui.

Il a mis Scipion en vn grand chagrin, Non mediocri cura Scipionis animum pepulit.

Delaisser chagrin, curam animi remittere.

Oste ce chagrin, Omitte solicitudinem.

Chagriner, Solicitare, Angere.

Se chagriner & soucier pour aucun, Adire solicitudinem pro aliquo.

Ie me chagrine fort, Malè maceror.

Chagriner quelqu’vn & le mettre en souci, conficere alicui solicitudines, Aliquem solicitum habere.

Ceste chose me chagrine & me tient en souci, ou donne fascherie, Anxium me haec res habet, Solicitudini est mihi res hæc.


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