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que vous ne trouverez perſonne qui vous arme mieux.

Il ne lui fut pas difficile de vaincre une défiance que l’impétuoſité de ma compléxion m’empêchoit d’oppoſer. Il mettoit tant de vivacité dans ſes complaiſances, ſa tendreſſe étoit ſi naturelle, ſes ſoins étoient ſi vrais qu’il me parut touché nonobſtant l’intérêt que j’avois de le croire. S’il m’examina à ſon tour, il n’eut pas de peine à s’apercevoir combien ſes progrès étoient rapides.

Tout ce qui m’éloignoit de lui m’ennuyoit à la mort ; ſon retour me donnoit mille impatiences, dont le moindre retard augmentoit l’inquiétude ; ſa préſence rappelloit ſur le champ la vivacité & l’enjouëment qu’il avoit interrompu. Quand je l’apercevois ſans être prévenuë, j’étois ſaiſie d’un treſſaillement agréable ſuivi d’une langueur involontaire ; s’il venoit à diſparoître, mes Gardes reſtoient immobiles, & ſe fixoient dans l’endroit où ils l’avoient perdu de vûë. Mes Miniſtres alors tomboient dans un déſœuvrement total, & rêvoient ſans ſçavoir pour-