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êtes plus poli que ſincère ; vous croyés comme ceux de votre âge, qu’il faut trouver mon eſpéce jolie, & que le ſçavoir vivre exige que vous l’aſſuriés de l’impreſſion qu’elle fait ; mais je me déffie plus qu’une autre de ces ſortes de diſcours que la flatterie empoiſonne, & je vous avertis que je ſçais les réduire à leur juſte valeur ; ainſi....

Votre défiance eſt trop injuſte, interrompit-il, avec agitation, vous êtes faite, divine Poncetti, pour juſtifier les plus brillants éloges ; je ne doute pas que les connoiſſeurs ne vous ayent tenu le même langage ; mais j’oſe vous proteſter que de tous ceux qui ont pris cette liberté aucun n’en a été mieux perſuadé que je le ſuis.

Vous êtes connoiſſeur ! repliquai-je, tant pis vraiment, je vous ſoupçonnerai bien davantage de n’être pas de bonne foy ſi vous continués de décider ſi favorablement ſur mon compte. Vous auriez grand tort, répondit-il, je ne puis me tromper dans le jugement que je porte, c’eſt le cœur qui me le dicte, ſa déciſion eſt infaillible ; je puis vous aſſurer que vous êtes adorable,