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lui-même tôt ou tard ; mais je le craignois pour lors ; la revolte à laquelle il s’étoit prêté avec trop de complaiſance, m’avoit indiſpoſé contre lui.

Il avoit un frere appellé Mentegiù, garçon de beaucoup de merite, qu’il conſulta ſans doute, je ne courois aucun riſque. Il auroit été à ſouhaiter pour moi qu’il ne ſe fut jamais décidé que par ſes conſeils ; mais il le mépriſoit par ſes lenteurs à déduire, par ſes précautions à inferer, & par ſes ſcrupules à conclure. D’ailleurs il étoit ſi foible, & d’un tempérament ſi délicat, qu’il ſe refuſoit volontiers à un travail aſſidu.

Naſirola ſa ſœur étoit une impertinente qui me contrarioit ouvertement. Mon antipathie pour elle dure encore. Triſte, jalouſe, elle condamnoit tous les plaiſirs donc j’oſois m’occuper ſans elle. Exacte, ſévére ; les moindres négligences étoient critiquées, ſes remontrances étoient perpétuelles. Fière, indépendante, elle s’étudioit à balancer mon pouvoir, & à ſe former un empire, en aviliſſant le mien. Prude, ſcrupuleuſe ; elle étoit eſclave d’une bien-