Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
90

refuſer. Ah ! Caſſone, n’ayez pas peur, reprit-il, en ſe diſpoſant à un acte de dévotion, je vous raſſurerai ſi ſouvent… eh non, non, finiſſez, lui dis-je, en m’arrangeant ; je ſuis ſans allarmes à préſent, Biladure je t’en prie, laiſſe moi ? non… je te le défens… fripon !… je ne veux pas… l’entrée de mon Temple étoit ſi aiſée, qu’une reſiſtance plus ſérieuſe auroit été inutile. Perdu de tranſports comme il étoit, je ne vis rien de mieux que de partager ſa piété en me livrant à ſon zèle. Telle étoit ordinairement la fin de nos converſations, & ſa curioſité les rendoit fréquentes.

Je me plûs tant à l’inſtruire, je m’attachai ſi fort à cultiver ſes bonnes diſpoſitions, que mon chagrin fut extrême, lorſque des ordres ſupérieurs me l’arrachérent. Il m’en coûta des peines infinies pour m’accoutumer à ſon abſence. Les Lettres ſont des reſſources dans le Commerce ; nous l’entretinmes quelque tems par-là, & mon premier Miniſtre ne manqua jamais de faire honneur aux ſiennes à la première vûë ; mais c’eſt un foible ſoula-