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m’aida de ſon mieux à joüir d’un privilège que la nature rend ſi cher. Mais à peine avois-je goûté les charmes d’un commerce clandeſtin, que le ſort qui me perſécutoit, voulut combler ma diſgrace, en m’en faiſant éprouver les dangers ; ils ſont preſque inévitables par la difficulté de connoître les négocians avec qui l’on traite.

Paſſeruti fort attaché à une Dame de Naples que les François, diſoit-il, y avoient amené, & qui s’y étoit renduë célébre par les plus brillantes conquêtes ; voulut me faire faire connoiſſance avec elle, dès les premiers inſtans de la notre ; je ne reſiſtai point à des empreſſemens qui me parurent naturels, & je la reçûs avec toute la politeſſe dont j’étois capable. Ses complaiſances & ſes careſſes voluptueuſes me ſubjuguérent d’abord, je m’y livrai de la meilleure foy du monde. Mais quelle fut ma ſurpriſe ! lorſque je m’apperçus au bout de quelque tems, par le déſordre épouvantable qu’elle occaſionnoit, que c’étoit la ſœur aînée de ma plus cruelle ennemie. On ſe ſouvient de la guerre que j’eus à ſoute-