Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75

Pour me venger de ſes froideurs, je voulus pratiquer la coutume de Sparte ; mais il n’avoit jamais oüi parler de Lycurgue ; la garde doubla, les verrouils ſe multipliérent, & ſemblable au Chinois qui bat ſon Idole en l’accablant d’injures, les mauvais traitemens ne me furent point épargnés. Tel eſt l’effet de ces Loix tyranniques inventées par la Diſcorde ; telle eſt la ſource de cette affreuſe jalouſie, la plus déteſtable paſſion qui puiſſe affliger le genre humain. Celle de Stafievo ne pouvoit être médiocre, puiſqu’elle provenoit autant de la défiance de ſoi-même, que de celle qu’il avoit de moi, & que ces mauvaiſes opinions n’étoient pas ſans fondement. Il ſe doutoit que n’étant point aimé, parcequ’il n’étoit pas aimable, le culte Chinois me revolteroit, & que pour m’en dédommager, je prendrois le premier adorateur qui ſe préſenteroit. Que d’inquiétudes & de tourmens pour ſe garantir d’un mal d’opinion ! quelle manie d’avoir en horreur la coëffure d’Amathée, que l’abondance accompagne. Un chaſſeur que la ſoif preſſe, ſe