l’avenir, surtout au défraiement des dépenses funéraires. Mais peut-être l’homme n’est-il pas requis de s’ensevelir lui-même. Néanmoins voilà qui indique une distinction importante entre le civilisé et le sauvage ; et sans doute a-t-on des intentions sur nous pour notre bien, en faisant de la vie d’un peuple civilisé une institution, dans laquelle la vie de l’individu se voit à un degré considérable absorbée, en vue de conserver et perfectionner celle de la race. Mais je désire montrer grâce à quel sacrifice s’obtient actuellement cet avantage, et suggérer que nous pouvons peut-être vivre de façon à nous assurer tout l’avantage sans avoir en rien à souffrir du désavantage. Qu’entendez-vous en disant que le pauvre, vous l’avez toujours avec vous, ou que les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en sont agacées[1] ?
« Je suis vivant, dit le Seigneur, vous n’aurez plus lieu de dire ce proverbe en Israël. »
« Voici, toutes les âmes sont à moi ; l’âme du fils comme l’âme du père, l’une et l’autre sont à moi ; l’âme qui pèche c’est celle qui mourra[2]. »
Si j’envisage mes voisins, les fermiers de Concord, au moins aussi à leur aise que les gens des autres classes, je constate que, pour la plupart, ils ont peiné vingt, trente ou quarante années pour devenir les véritables propriétaires de leurs fermes, qu’en général ils ont héritées avec des charges, ou achetées avec de l’argent emprunté à intérêt, – et nous pouvons considérer un tiers de ce labeur comme représentant le coût de leurs maisons – mais qu’ordinairement ils n’ont pas encore payées. Oui, les charges quelquefois l’emportent sur la valeur de la ferme, au point que la ferme elle-même devient toute une lourde charge, sans qu’il manque de se trouver un homme pour en hériter, lequel déclare la connaître à fond, comme il dit. M’adressant aux répartiteurs d’impôts, je m’étonne d’apprendre qu’ils sont incapables de nommer d’emblée douze personnes de la ville en possession de fermes franches et nettes de toute charge. Si vous désirez connaître l’histoire de ces domaines, interrogez la banque où ils sont hypothéqués. L’homme qui a bel et bien payé sa ferme grâce au travail fourni dessus est si rare que tout voisin peut le montrer du doigt. Je me demande s’il en existe trois à Concord. Ce qu’on a dit des marchands, qu’une très forte majorité, même quatre-vingt-dix-sept pour cent, sont assurés de faire faillite, est également vrai des fermiers. Pour ce qui est des marchands, cependant, l’un d’eux déclare avec justesse que leurs faillites, en grande partie, ne sont pas de véritables faillites pécuniaires,