Gilpin, dans son exposé des riverains de forêts d’Angleterre, déclare que « les empiétements des contrevenants, et les maisons et clôtures ainsi élevées sur les lisières de la forêt, » étaient « considérés comme de véritables fléaux par l’ancienne loi forestière, et sévèrement punis sous le nom de pourpretures, comme contribuant ad terrorem ferarum – ad nocumentum forestœ », etc., à l’épouvante du gibier et la détérioration de la forêt. Mais j’étais plus intéressé à la conservation de la venaison et du couvert que les chasseurs ou les bûcherons, tout autant que si j’eusse été Lord Warden[1] en personne ; et s’en trouvât-il brûlée quelque partie, alors que moi-même y avais mis le feu par accident, que j’en témoignais un chagrin de plus de durée et plus inconsolable que celui des propriétaires ; que dis-je, je m’affligeais s’il m’arrivait de voir les propriétaires eux-mêmes y porter la hache. Je voudrais que nos fermiers, lorsqu’ils abattent une forêt, ressentent un peu de cette crainte respectueuse que ressentaient les premiers Romains lorsqu’ils en venaient à éclaircir quelque bocage sacré (lucum conlucare), ou à y laisser pénétrer la lumière, c’est-à-dire croient qu’elle est consacrée à quelque dieu. Le Romain faisait une offrande expiatoire, et formulait cette prière : « Quelque dieu ou déesse sois-tu, à qui ce bocage est consacré, sois-moi propice, ainsi qu’à ma famille, à mes enfants, etc.… »
La valeur que l’on accorde encore au bois, même à cette époque-ci et dans ce pays neuf, est à remarquer, – une valeur plus immuable et plus universelle que celle de l’or. Après toutes nos découvertes et inventions nul homme ne passera indifférent devant un tas de bois. Il nous est aussi précieux qu’il l’était à nos ancêtres saxons et normands. S’ils en faisaient leurs arcs, nous en faisons nos crosses de fusil. Michaux[2], il y a plus de trente ans, déclare que le prix du bois de chauffage à New York et à Philadelphie « égale presque, et quelquefois surpasse, celui du meilleur bois à Paris, quoiqu’il en faille annuellement à cette immense capitale plus de trois cent mille cordes, et qu’elle soit entourée, sur un rayon de trois cents milles, de plaines cultivées. » En cette commune-ci le prix du bois monte presque de façon constante, et toute la question est : combien coûtera-t-il de plus cette année que l’an passé. Les ouvriers et les commerçants qui s’en viennent en personne à la forêt sans autre but, sont sûrs d’assister à la vente de bois, et de payer même fort cher le privilège de glaner après le bûcheron. Il y a maintenant nombre d’années que les hommes hantent la forêt en quête de combustible et de matériaux pour les arts : le Néo-Anglais et le Néo-Hol-