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et pouvaient recevoir un dernier remède. Henri V n’était pas encore débarqué à Honfleur ; et tout en se préparant à repousser l’invasion étrangère, la France aurait pu retrouver dans l’union de ses princes et dans celle de la noblesse avec le peuple, toutes les conditions de force et de sécurité qui lui manquaient. Christine n’avait donc pas à résoudre un problème insoluble. Aussi l’aborde-t-elle avec courage, on dirait presque avec la confiance du succès ; car c’est dans les grands dangers qu’une femme convaincue se livre à l’espoir.

Voyons d’abord la forme générale dont l’auteur a revêtu ses pensées. La première partie du Livre de la Paix est consacrée aux leçons de Prudence pour le maintien de la dernière pacification d’Auxerre, et à ce que requiert cette vertu pour le gouvernement d’un bon prince. La seconde partie, après avoir démontré les avantages de la concorde, apprend comment un prince doit se faire aimer de ses sujets, et faire pratiquer à la chevalerie les vertus de justice, de magnanimité et de force. Enfin, la troisième enseigne à bien gouverner le peuple et la chose publique, conformément aux trois vertus de clémence, libéralité