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générale, et met toujours l’application à coté de la théorie. C’est l’œuvre d’un véritable publiciste. Christine en accepte la difficile mission, et aborde les questions les plus graves et les plus délicates. Elle montre, en un mot, comment un prince doit répondre à Dieu par sa conscience, et aux hommes par le succès ; car la morale de l’auteur, sans jamais céder à l’habileté, sait toujours marcher de concert avec elle. Telle est donc la ferme et sage politique qui mérite d’être étudiée dans le Livre de la Paix. C’est l’ouvrage où Christine porte au plus haut degré l’autorité que donnent le talent et l’amour du bien public. C’est aussi celui dont nous croyons devoir faire l’objet d’un examen particulier ; il importe en effet de bien comprendre comment ses témoignages contemporains, recueillis en quelque sorte jour par jour, peuvent jeter encore de nouvelles lumières sur nos révolutions politiques du XVe siècle.

Le Livre de la Paix, comme nous l’avons déjà dit, dédié au dauphin Louis, duc de Guienne, fils aîné de Charles VI, fut commencé le 1er septembre 1412 et terminé vers l’année 1414. C’était l’époque où les maux du pays, s’aggravant d’une manière effrayante, n’étaient pourtant pas incurables.