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ditée de la fureur des assassins. C’est que toutes les classes reconnaissaient encore l’autorité morale du sexe dont le christianisme avait divinisé la douceur.

Cependant la corruption des mœurs, dont la royale famille de Philippe-le-Bel avait montré le plus scandaleux et le plus coupable débordement, était alors au comble de ses triomphes et de son impunité. L’odieuse Isabelle faisait siéger la honte et l’infamie sur le trône de France, et trahissait à la fois ses devoirs de femme, de mère, d’épouse et de reine. Mais combien sa conduite fut rachetée par de nobles dévouemens[1], surtout par l’aimable


    bouger ou remuer son enfant en son ventre, dont disoient aucuns inhumains : Regarder ce petit chien qui se remue. »

  1. Le chroniqueur anonyme de Saint-Denys parle de plusieurs dames recommandables par leurs vertus, et que nous regrettons de ne pouvoir faire mieux connaître que par l’extrait suivant relatif à l’an 1405 :

    « Tandis que la discorde continuoit entre le duc d’Orléans et le duc de Bourgogne, la Reyne fit éclater sa fureur dans sa maison, maltraita quelques damoiselles qu’elle chassa avec injure, et n’épargna pas une dame de grande réputation nommée la Dame de Minchie, dont auparavant elle prenoit conseil en toutes ses affaires, et qui gardoit son sceau ; et en cela lui lit moins de tort qu’à elle-même, pour les mauvais discours qu’on prit sujet de faire de sa conduite. » (Traduction du Laboureur, Histoire do Charles VI, t. Ier, p. 530.)