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dirigées personnellement contre elles, durant les guerres civiles du règne de Charles VI.

Ces guerres, conduites par une noblesse licencieuse, mais chevaleresque et pleine encore d’habitudes de respect pour la faiblesse et la beauté, ne leur offrit point ces périls dont elles semblent aussi avides lorsqu’ils sont inévitables, que craintives lorsque la prudence permet de les détourner. L’ignoble faction des bouchers, les cabochiens eux-mêmes respectèrent, dans leurs vengeances politiques, le sexe, qui pourtant alors prenait une si grande part aux affaires. Dans leurs premiers excès de 1413, arrachant, disaient-ils, les mauvaises herbes du jardin de la Royne, ils se contentèrent d’enlever de son hôtel une quinzaine de dames ou damoiselles, lesquelles furent menées en la conciergerie du palais comme en prison. Dans leur effroyable réaction de 1418, quelques femmes périrent au milieu de deux mille Armagnacs massacrés[1] ; mais aucune d’elles ne fut victime prémé-

  1. Juvénal des Ursins, dont nous avons rapporté les paroles sous la date de 1413, et dont la famille avait souffert des réactions dirigées contre le parti d’Armagnac, raconte comme la plus grande énormité du massacre de 1418 : « Et il y eut une femme grosse qui feut tuée, et veait-on bien