deur des circonstances dont il est le témoignage contemporain. Il importe toutefois d’en connaître ici la date et la conclusion. Christine l’avait improvisé sous la première impression des événemens, et vingt-quatre ans après avoir écrit sa lettre à Isabelle de Bavière. C’est ainsi qu’après avoir vu s’ouvrir le drame douloureux, dont elle devait suivre tous les progrès sans pouvoir les arrêter, elle en célébrait l’heureux dénouement, dont toute la gloire revenait à son sexe :
Donné ce ditié par Christine
L’an dessus mil .cccc.
Et .XXIX., le jour où fine
Le mois de juillet. Mais j’entens
Que aucun se tendront mal contens
De ce qu’il contient ; car, qui chière (visage)
A embrunché (obscurci) et les yeux pesans,
Ne puet regarder la lumière[1].
- ↑ Catalogue de Sinner, t. III, p. 412. — Voici comment l’héroïne, le poëme et son auteur sont appréciés dans le Registre Delphinal par un contemporain
et un témoin oculaire, Mathieu Thomassin, conseiller du jeune Dauphin (Charles VII), et plus tard secrétaire de Louis XI :
« Mais sur tous les signes d’amour que Dieu a envoyés au royaume de France, il n’y en a point eu de si grand ni de si merveilleux comme de ceste pucelle ; et pour ce, grandes chroniques en sont faictes. Et entre les autres, une notable femme appelée Christine, qui a fait plusieurs livres en français (je l’ai souvent vue à Paris), fit de l’avènement de ladite