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gens de bien, et atteignaient en même temps le chancelier fugitif et sa pieuse émule de talent et de vertu.


Ainsi, Christine et Gerson, après avoir tout donné à l’État, l’un dans la société ecclésiastique, l’autre dans la société seigneuriale, voyaient tomber pièce à pièce l’édifice auguste qu’ils ne pouvaient plus soutenir, et la France n’avait plus qu’à toucher au fond de l’abime. Trompés encore une fois dans l’amour du pays, dans leur dernier et plus cher dévouement, ils ne savaient plus ici-bas où se prendre. Mais la terre leur faisant défaut, ils n’en eurent que plus de force pour mettre tout leur espoir dans le ciel. Christine et Gerson s’étaient réfugiés dans la prière et la charité : ils vivaient alors retirés chacun dans un monastère.

Dieu, enfin, eut pitié de la France, et la patrie se releva miraculeusement de ses ruines. Jeanne d’Arc fut son étoile radieuse ; elle parut sur l’horizon assombri comme l’aurore de l’affranchissement, et à la vue de cet ange sauveur reparurent aussitôt les deux figures de Christine et de Gerson.


Gerson écrivit l’apologie de cette héroïque et sainte fille qui tira l’épée contre l’étranger, et « dont le cœur saignait à la vue du sang d’un