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lamités qui pesaient alors sur la France, et l’effrayante progression de ses déchiremens et de ses désastres ! Le dauphin Charles, complice de la faction d’Orléans, échappait furtivement aux vengeances démocratiques ; et tour à tour vainqueurs et vaincus, les Bourguignons rentraient dans la capitale, amenant avec eux le triomphe des doctrines régicides. Les d’Armagnac massacrés par le peuple, le meurtrier du duc d’Orléans assassiné à son tour dans une conférence pour la paix, et soudain la guerre se rallumant plus furieuse contre l’héritier du trône, son patrimoine vendu à l’Angleterre par une Reine déshonorée, le vainqueur d’Azincourt expirant à Vincennes au milieu de ses conquêtes ; et, après la mort de l’infortuné Charles VI, le duc de Bedford proclamant Roi de France un prince étranger encore au berceau ; enfin, pour mettre le comble au désespoir, le jeune Charles VII réduit à se défendre derrière les rives fatales de la Loire, s’abandonnant à ses indignes favoris, et s’obstinant dans une révoltante légèreté, plus funeste encore à sa fortune que la démence de son père : telles étaient les chutes rapides et profondes de la monarchie en décadence. Leurs contre-coups brisaient de douleur l’ame des