Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une touchante prière qui termine à la fois ses œuvres politiques et nous révèle la source de leur moralité. C’est une noble et généreuse invocation à Notre-Dame[1], où la chrétienté, la France et toutes les classes du royaume dont elle avait également recherché le bien-être dans ses divers écrits, depuis le Roi jusqu’au pauvre laboureur, et du clergé jusqu’au dévot sexe des femmes, reçoivent chacune en particulier, avec un nouveau témoignage d’amour et de sympathie, les adieux d’une vie publique, que les malheurs de la France allaient bientôt condamner à l’isolement.

  1. La date de la prière de Christine est fixée par les vers suivans :

    Douce dame, si te requier

    Que m’ottroies ce que je quier...

    C’est pour toute crestienté...

    Pour sainte église acquérir

    Paix et vray tranquillité ;

    Et si bon pastour nous quérir,

    Qui tous nous face à Dieu courir

    En foy et en humilité.

    Allusion directe au concile de Constance, ouvert en 1414, pour mettre fin au grand schisme d’occident. Le concile de Pise avait eu le même objet dès l’an 1409 ; mais cette date ne peut s’accorder avec les autres circonstances indiquées par Christine, et postérieures évidemment aux séditions de 1413. (Voyez les strophes VI, X, XI, etc.)