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champs devait un jour, au nom du ciel, lui apprendre à tourner contre les Anglais.

Mais Christine, ne soupçonnant pas le miracle qui devait marquer d’un sceau divin la délivrance de notre patrie, invoque dans son Livre de la Paix tous les secours de la politique humaine. Elle s’adresse donc à la noblesse, coupable auteur de tant de pernicieuses discordes, et lui montre qu’elle sera la première victime de ces divisions : « Par espécial dans cette contrée, dont il est lu que les nobles ont toujours été comme un méme corps... Et puis, ajoute-t-elle, après ladite occision et déconfiture, viendra le diabolique menu peuple pour macerrer et achever le demourant des nobles dames, demoiselles et enfans, sans aviser comme fols que estrangère seigneurie tost surviendra les subjuger et mettre à mort, faute d’y trouver restance après la mort des nobles. Et ainsi France périe et mise en servage ! De la quelle chose moy, Christine, toute frémissante encores de peur en le ramentevant, pry Dieu que jamais ce ne puist avenir.

« O la très piteuse besongne ! Pour Dieu ! pour Dieu ! très nobles et excellens princes français, chevaliers et tous autres nobles présens et avenir,