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l’occasion de leur fête pour réconcilier les deux princes rivaux ! Touchante parole dont Christine le loue à bon droit, et qui ne méritait pas d’être oubliée par l’histoire, après avoir eu la vertu de suspendre quelque temps la guerre civile !

Mais l’ambition des princes et des seigneurs devait réveiller sans cesse la discorde assoupie ; et le Livre de la Paix, tour à tour interrompu et repris, selon que les événemens justifiaient ou non le titre de l’ouvrage, devenait sous la plume de Christine une sorte de Moniteur où l’on suit, avec toutes les émotions du moment, les discussions de principes qu’agitaient les divers partis. On y comprend aussi pour la première fois comment dans ces temps de troubles la paix n’était pas plus durable que les réconciliations n’étaient sincères. En effet, la pacification de Vincennes (1405), prélude de toutes celles que les princes devaient bientôt violer ; la paix de Chartres (1409), surnommée la Paix fourrée ; celle de Bicêtre(1410), conclue faute de moyens pour continuer la guerre ; celle d’Auxerre (1412), célébrée aux dépens du duc de Berry qui s’y trouva réduit au plus complet dénuement ; celle de Pontoise (1413), qui forçait le duc de Bourgogne à quitter Paris et mettait