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et du conseil de régence. L’éloignement des deux princes était le résultat de la politique d’Isabelle, qui avait négocié l’accord de Bicêtre, et qui semblait en recueillir tous les fruits. Mais le jeune duc d’Orléans, et son beau-père, le comte d’Armagnac, l’un par vengeance, l’autre par ambition, repoussèrent toute voie d’accommodement, et poursuivirent la guerre à outrance. Ce dernier était le véritable chef du parti que son nom rendait odieux ; et l'on était alors en adventure, disait-on, de faire en France ce qu’on avait déjà fait en Angleterre, où Richard II, victime d’une révolution aristocratique, avait été déposé par son cousin, Henri IV de Lancastre (1399). Aussi Charles VI, ou du moins ceux qui le faisaient parler dans une lettre du 14 novembre 1411, adressée aux habitans de Paris, s’appliquent-ils à représenter les révoltés comme s’efforçant d’usurper la seigneurie du Roi, de détruire sa lignée et faire nouvel Roy de France[1] sous de vains prétextes de guerre contre le duc de Bourgogne, que la paix de Chartres ne rendait

  1. Ordonn. des Rois de France, t. IX, p. 654, et la préface, en y remarquant pour les dates que l’année commençait alors à Pâques. Voyez aussi Jean Le Fèvre de Saint-Rémy, p. 23-25 (t. II, Histoire de Charles VI par Le Laboureur).