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tant de son intervalle lucide pour délibérer sur les plaintes générales portées contre son frère et contre la Reine, manda le duc de Bourgogne, qui se rendit à la cour accompagné de ses gens de guerre. Au bruit de son arrivée, Isabelle et le duc d’Orléans se retirent précipitamment à Melun, laissant l’ordre d’enlever le Dauphin et même les enfans du duc de Bourgogne. Mais celui-ci, traversant la capitale au pas de course, atteint l’escorte du jeune prince, le ramène à Paris de son consentement ; et le Dauphin devient aussitôt le prétexte de la rupture.

Les partis couraient aux armes ; et Christine, qui naguère avait écrit les Gestes et bonnes mœurs de Charles-le-Sage pour la plus grande gloire et pour l’union de sa royale famille, se vit appelée à remplir auprès d’elle, non plus le rôle d’historien, mais celui de conciliateur. Sous les premiers feux de la discorde, Christine se tourne vers celle qui pouvait à son gré les propager ou les éteindre ; et ne craignant pas d’user le crédit qu’elle a pu conserver auprès d’Isabelle, elle adresse à cette princesse une lettre suppliante pour lui inspirer un retour généreux vers la paix. Elle lui en fait sentir les avantages, autant dans son intérêt per-