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pagnait donc ces classes moyennes, amies sincères de la monarchie ; et peut-être ne leur manquait-il, pour triompher, qu’un chef politique capable de comprendre et d’accepter sa mission. Elles l’attendaient alors, mais vainement, du jeune Dauphin, duc de Guienne, dont la conduite inconstante devait se ressentir de l’influence contradictoire des partis qui allaient bientôt se disputer son enfance et son éducation. Là pourtant étaient les destinées futures de la France, l’espérance d’un meilleur avenir.

Aussi le duc de Bourgogne crut-il mettre toutes les bonnes chances de son côté en mariant sa fille Marguerite avec l’héritier du trône (31 août 1404). Il put fiancer en même temps son fils aîné avec Michelle, fille de Charles VI : double alliance qui prouva son habile politique, fortifia moralement son parti, mais lui enleva le pouvoir dans le conseil, en resserrant l’union déjà trop étroite et bientôt scandaleuse d’Isabelle avec le duc d’Orléans. Il n’y eut alors qu’une voix pour accuser ces derniers de tous les maux de la France.

Les taxes les plus arbitraires et les plus odieuses dévoraient la substance du peuple ; et l’imagination ajoutant sans doute à tous les griefs, on disait