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trêmes. Mais au milieu était la bourgeoisie riche et paisible, avec l’université de Paris arrivée au comble de sa puissance et jalouse plus que jamais de ses privilèges. Celle-ci formait, avec la portion instruite et saine du clergé, un véritable parti d’hommes de lettres, la plupart plébéiens d’origine, rachetés de la misère par le travail, ennoblis par le talent, dotés de modestes bénéfices, armés d’une véritable force morale sur l’opinion publique, mais pour le malheur de ces temps, dépourvus de tout pouvoir matériel. Aussi est-il bien plus facile de signaler leurs élémens mobiles et divers que de préciser leur degré de puissance. Tel était le parti intermédiaire et conciliateur dont les membres, naturellement éloignés de la licence et de la tyrannie, furent trop souvent, faute de position indépendante, entraînés d’un extrême à l’autre par la force des événemens. Toutefois, malgré ses fluctuations, c’est sur ce parti que s’appuyaient les esprits fermes et modérés, dont le chancelier Gerson et Christine de Pisan, celle-ci auprès de la noblesse, l’autre dans la société ecclésiastique, furent les interprètes à la fois les plus éloquens, les plus courageux et les plus désintéressés.


La supériorité du talent et de la vertu accom-