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II

C’est le 5 octobre 1405 que la vertueuse Christine se jeta la première fois dans la mêlée des partis pour désarmer leur fureur. Pour bien comprendre ses paroles de conciliation, il faut d’abord se rappeler comment la discorde était survenue, comment la mésintelligence des ducs de Bourgogne et d’Orléans s’était changée tout à coup en hostilité déclarée.

On sait que ce dernier, comme frère du Roi, se prétendait investi de la principale autorité pour gouverner l’État durant la maladie de Charles VI ; et que, maître de l’esprit de la Reine, il disposait par elle du conseil de régence, accablait le peuple d’exactions, dilapidait sans pudeur le trésor public. Tant que Philippe-le-Hardi, héritier de la sagesse et de la fermeté de Charles V, avait vécu, Isabelle de Bavière, qui le redoutait, n’avait osé se déclarer contre lui ; mais, après la mort de ce prince, s’inquiétant peu de son fils, elle se livra sans retenue au duc d’Orléans. Pour résister à ces rivaux conjurés, le nouveau duc de Bourgogne