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ducs de Bourgogne et d’Orléans ; et plus tard, après le meurtre de ce dernier, en 1410, lorsque la vengeance, étouffant l’amour du pays dans tous les cœurs, portait déjà l’esprit de faction à recourir à l’étranger. Dans ces temps de funeste mémoire, où chacun se ménageait une position par la ruse ou par la violence, Christine, livrée à elle seule, et sans autre appui que l’estime inspirée par ses talens et ses vertus, essaya d’arrêter, retarda peut-être la guerre civile, et offrit l’exemple d’un dévouement qui n’eut, hélas ! que trop peu d’imitateurs parmi ses contemporains.

La meilleure manière de le louer, c’est de citer les écrits qui en renferment l’expression. Aussi faudra-t-il remarquer la lettre de Christine à Isabelle de Bavière, reine de France ; ou bien sa Lamentation sur les maux de la guerre civile, avant-coureurs trop certains de la guerre étrangère. Le Livre de la Paix mérite encore plus de fixer l’attention, car lui seul aurait pu remédier à tant de malheurs. Tous ces documens sont encore inédits, inconnus ; et pourtant la prévoyance les a dictés en présence des calamités qui menacent la patrie, à la vue « des Anglais par de costé, qui parferont l’eschec et mat, si fortune y consent ! »