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ajouter de force à un beau caractère, et d’indépendance à la vertu. Aussi Christine, modeste jusqu’à la timidité dans les rapports ordinaires de la vie, retrouvait-elle toute sa liberté dans les occasions difficiles. Elle se développait alors par inspiration, toujours prête qu’elle était à grandir jusqu’à l’enthousiasme , et à s’élever au plus généreux dévouement !


Italienne de naissance, rien ne peut la détacher de la seconde patrie que lui avaient faite l’hospitalité et la protection généreuse de Charles V, ni l’abandon et l’ingratitude qu’elle y éprouva, ni les promesses séduisantes que lui firent des princes étrangers. Henri IV de Lancastre ayant lu un recueil de ses poésies apporté en Angleterre par le comte de Salisbury, favori de Richard II, essaya vainement de l’attirer à sa cour. Galéas Visconti, duc de Milan, dont la fille avait épousé le duc d’Orléans, frère de Charles VI, ne fut pas plus heureux auprès de Christine. Celle-ci préféra la France où elle était malheureuse, à l’Italie où la fortune et les honneurs lui souriaient. Un pareil attachement révèle sans doute une ame sublime, et nous explique comment Christine n’eut jamais qu’une pensée, qu’un sentiment, celui de mettre