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car on ne sait comment s’expliquer le grand nombre d’écrits remarquables composés par Christine en cette circonstance. Ils imposèrent enfin silence à ses détracteurs ; et elle put reprendre paisiblement la suite de ses travaux.

La mission favorite de Christine semble avoir été de prêcher le mérite du travail et de montrer que « oysiveté permaine à tous inconvéniens. » Du moins c’est une pensée qui revient fort souvent sous sa plume, et semble lui avoir inspiré un de ses premiers ouvrages dédié au jeune duc d’Orléans, l’épître d’Othéa, déesse de prudence, à Hector de Troye. Christine s’y compare, avec autant de grâce que de modestie, à une petite clochette qui sonne « grant voix, et bien souvent réveille les plus saiges et leur conseille le labeur d’estude. » Fille d’étude est encore le nom qu’elle se donne dans son Livre des trois Vertus, pour l’instruction des princesses, dames de la cour et femmes de tous les estats. C’est ainsi qu’elle rappelle un précepte dont elle connait tout le prix, et se présente au moyen âge comme l’un des plus éloquens modèles de l’amour des belles-lettres et de la philosophie, du culte de la vérité et de l’imagination. Son exemple a prouvé tout ce que la moralité du travail peut