Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mante dans sa piété filiale, dans sa tendresse de mère, dans son attachement d’épouse, dans toutes les affections de la famille, et en même temps si forte, si courageuse dans l’accomplissement de ses devoirs sociaux. C’était une belle ame douée d’une fermeté inébranlable et d’une rare sensibilité ; une noble créature qui inspire une douce et profonde sympathie, et où nous verrons la passion du bien s’allier à la candeur.

Avec cette forte et simple nature, Christine, quoique « nourrie, dit-elle, en délices et mignottemens, était parvenue à sauver son désolé mainage, et à conduire la nef demourée en mer orageuse sans patron. » Mais ce qui doit bien plus nous étonner, c’est qu’elle ait pu, dans une vie pleine de tristesse et de douleurs, produire un si grand nombre de travaux littéraires ; c’est de voir tout ce qui est sorti de sa plume, et ce qui reste encore de ses écrits.

Une pareille fécondité s’expliquera par une longue et forte préparation. Christine s’était déjà fait remarquer par ses poésies légères, ballades, rondeaux et dittiés, lorsqu’elle ambitionna une gloire plus solide. Grâce à l’éducation la mieux cultivée, où ses parens avaient fait entrer l’étude