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S’ainsi estoit, le roy saint Loys, qui tant avoit eu de belles victoires, n’eust pas devant Thunes esté desconfit par les mescréans. Quel plus bel exemple est cognoistre que par merveilleuse disposicion Dieu laisse encourir tout fait de bataille, de la quelle le mal est certain, et le bien qui avenir en puet gist en grant doubtance. Et en surquetout, quoy qu’en touz cas soit guerre et bataille très périlleuse et forte à eschever, n’est pas doubte qu’entre si prochains parens, comme nature a conjoins si comme en un mesmes lien d’amour, est très perverse, non honorable et très excommeniée ne à bonne fin venir ne puet ! Hélas ! et s’il est ainsi ce que sy, que pour assez de causes et de querelles soient souvent meues guerres et batailles, par plus fort et meilleur raison en est trop plus par quoy doivent estre fuyes et eschevées, et paix quise.

Or vainque donques la vertu le vice ! Si soit doncques voie trouvée de ramener à paix les amis par nature, ennemis par accident. Hélas ! qu’à Dieu pleust que la paine et mise, que à présent on desploie, feust ainsi employée à quérir paix comme elle est le contraire ! je crois que à mains de coustz on y vendroit ; et que de commun vouloir et vraie union ceste armée feust convertie sur ceulx qui nous sont naturels ennemis, si que celle part s’employassent les bons féaulx François, non pas eulx entre-occire. Diex ! quel joie seroit-ce ! et quelle très haulte honneur à tousjours au royaume !

Ha ! très honnoré prince, noble duc de Berry, à ce vueilliez entendre ; car il n’est tant grant chose que cuer humain vueille entreprendre par espécial faicte en juste