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Est-il ainsi délibéré ? certes oyl ! Plourez doncques, plourez, bâtant les paulmes à grans criz, si que fist en cas pareil jadiz la dolente Argine avec les dames d’Arges, dames, damoiselles et femmes du royaume de France ! Car jà sont aguisiez les glaives qui vous rendront veufves et desnuées d’enfans et de parcns. O ! dames de la cité de Sabine, besoing eussions de vous en ceste besoigne ; car n’estoit pas greigneur le péril et contens jadiz entre voz parens, quant par grant prudence vous entremeistes de y mettre paix, lorsque vous fichastes eschevellées, vos petitz enfans entre braz, ou champ de la bataille, par grans tourbes crians : « Ayez merci de nos chiers amis et parens ! si faites paix ! »


Hé ! Royne couronnée de France, dors-tu adès ? Et (|ui te tient que tantost celle part n’affinz tenir la bride, et arrester ceste mortel emprise ? Ne vois-tu en balance l’éritage de tes nobles enfans ? Tu, mère des nobles hoirs de France, redoubtée princesse, qui y puet que toy ne qui sera-ce, qui à ta seigneurie et auctorité désobéira, se à droit te veulx de la paix entremettre ? Venez, venez, vous touz saiges de ce royaume, avec vostre Royne. De quoy servez-vous, neiz conseil du Roy ; et tous chacun la main y mette. Jà vous soûliez vous entremettre neiz des petites choses. — De quoy se loera France de tant de sages testes, se ores ne treuvent voie pour sa garantise, fontaine de clergie garder à eschever d’estre périe ? Où sont adés voz entreprises et voz saiges raisons ? Hée ! clergie de France, lairas-tu ainsi à fortune courir son influence ? Pourquoi ne faiz processions par dévotes prières ?