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transmuer homme, que convertiz soit en serpent ennemi (le nature humaine ? O las ! véez-cy de quoy, nobles princes françois. Et ne vous desplaise, où est à présent le doulz sang naturel d’entre vous, lequel dès orques seult estre le droit comble de la bénignité du monde ? De quoy très les temps anciens sont raemplies toutes autentiques histoires, et de qui Fama seult corner ses chançons par tout l’universel monde. Que sont devenuz les clers yeulx du noble entendement, qui, par nature et longue coustume, vous faisoient ouvrer par conseil de preudes hommes de juste conscience ? Sont-ilz or aveuglez, comme il semble, vos pères de la congrégacion françoise, soubz les quelz ayolz seullent estre gardez, deffenduz et nourriz les multitudes des enfans de la terre jadiz beneurée, ore convertie en désolacion, se pitié n’y labeure ? Que vous ont méffait ceulz qui comme Dieu vous aourent, et qui en toutes terres pour honneur de vous se renomment ? les quelx semble que à présent vueilliez traittier, non pas comme filz, maiz ennemis mortelz, par ce que les discors d’entre vous leur pourchassent, c’est assavoir : grief, guerre et bataille.

Pour Dieu ! pour Dieu ! princes très haulx , ouvrez les yeulx par tel savoir, que jà vous semble veoir comme chose advenue, ce que les apprestes de voz armes prises pourront conclurre : sy y appercevrez ruynes de citez, destruccions de villes et chasteaulx, forteresses ruées par terre. Et en quel part ? ou droit nombril de France ! La noble chevalerie et jouvente françoise toute d’une nature, qui, comme un droit ame et corps, seult estre à la deffense de la couronne, et la chose publique, ore as-