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povres sujiez, loyaulz Françoys. Et tout ainsi comme c’est plus grant charité de donner au povre une pièce de pain en temps de chierté et de famine, que ung tout entier en temps de fertilité et d’abondance, à vostre povre pueple vueillez donner en temps de tribulacion une piécete de la parolle et du labour de vostre hautesse et puissance : la quelle, comme ilz tiennent, sera, s’il vous plaist, assez souffisant pour les rassadier et garir du désir familleux qu’ilz ont de paix. Et ils prieront Dieu pour vous : pour lequel bien accomplir et mains autres, Dieu par sa grâce vous vueille concéder et ottroier bonne vie et longue, et à la fin, gloire pardurable. Escript le Ve jour d’octombre, l’an de grâce mil .IIII. C. et cinq.

Vostre très humble obéissant créature, Christine de Pizan.

Prenez en gré, s’il vous plaist, cest escript
De ma main fait après mie nuit une heure,
Noble seigneur, pour qui je l’ay escript,
Prenez en gré.

Quant vous plaira mieulz vous sera rescript ;
Mais n’avoye nul autre clerc à l’eure.

Prenez en gré, s’il v...[1] .

  1. Le Ms. de la Bibliothèque royale n° 7088, qui nous a permis de rectifier quelques erreurs, contient la même lettre, mais sans le rondeau qui lui sert de post-scriptum, et sans la miniature mise en tète de notre texte dans le Ms. n° 7073-2, où l’on voit pour légende : Mort ou mercy. C’est un cri de désespoir dans la bouche de Christine, comme son post-scriptum est la prière la plus touchante que son patriotisme pût adresser au duc d’Orléans.